2008
Copyright PERSEE 2003-2023. Works reproduced on the PERSEE website are protected by the general rules of the Code of Intellectual Property. For strictly private, scientific or teaching purposes excluding all commercial use, reproduction and communication to the public of this document is permitted on condition that its origin and copyright are clearly mentionned.
Kirk N. Gelatt, « Veterinary ophthalmology: our past, present and future », Bulletin de l'Académie Vétérinaire de France, ID : 10.4267/2042/47955
L’ophtalmologie vétérinaire : passé, présent et futur Cet article sur l’ophtalmologie comparative et vétérinaire est divisé en trois périodes. (1) Avant 1900, avec les prémices de l’ophtalmologie, et de 1901 à 1960 quand ont été développées les bases fondatrices ; (2) l’ophtalmologie a acquis sa forme actuelle de 1961 à 1980 et est devenue une spécialité phare en médecine vétérinaire dès 1981 ; et (3) l’avenir de l’ophtalmologie. Les progrès en médecine humaine et vétérinaire dépendent au moins en partie de l’évolution de la société et de l’économie, associée aux progrès technologiques. Les progrès technologiques ont contribué de façon importante au développement de l’ophtalmologie, avec l’invention du microscope et ensuite de l’ophtalmoscope (Hermann von Helmholtz, 1850). Les premières avancées en ophtalmologie vétérinaire ont eu lieu en Europe où les écoles de médecine vétérinaire existaient déjà depuis des décennies. En France, Eugène Nicolas, vétérinaire de l’armée, a écrit trois livres sur l’ophtalmologie vétérinaire et comparative en 1898, 1914 et 1928. En Allemagne, l’ophtalmologie vétérinaire a pris son essor entre 1875 et 1910, à partir des écoles vétérinaires de Berlin, Stuttgart, Munich, et Vienne. Rudolf Berlin (1833-1897), ophtalmologue humain, a co-édité avec Oscar Eversbush (Munich) la première revue sur l’ophtalmologie vétérinaire (Zeitschrift für vergleichende Augenheilkunde) publiée de 1882 à 1893. Après avoir terminé ses études de médecine, Josef Bayer (1847-1925) est devenu vétérinaire en 1874 et ensuite professeur à la Faculté Vétérinaire de Vienne. Bayer est surtout connu pour son ouvrage pionnier et exhaustif sur l’ophtalmologie vétérinaire, Augenheilkunde, publié en 1900, et réédité en 1906, 1910, et 1914. Aux Pays-Bas, Jakob est surtout connu pour ses deux livres, Tierärztliche Augenheilkunde (1920) et Pathologische Anatomie des Auges der Tiere (1927). Henry Gray (1865-1939), un des premiers praticiens de petits animaux à Londres (1887), a traduit en anglais la deuxième édition du livre de Nicolas Ophtalmologie Vétérinaire et Comparée, le premier ouvrage sur l’ophtalmologie du début du XXe siècle ! Les États-Unis ont tardé à reconnaître l’ophtalmologie en tant que spécialité vétérinaire, à cause d’un manque de ressources, de temps et d’enseignants alloués aux cliniques dans les écoles vétérinaires, et des contraintes supplémentaires existant en médecine et en chirurgie des petits animaux. W. N. Sharp, médecin au Indiana Veterinary College et Indianapolis City Hospital, a écrit un petit livre intitulé Ophthalmology for Veterinarians. L’anatomie pathologique en ophtalmologie vétérinaire s’est développée en même temps et a fourni des bases essentielles au développement de l’ophtalmologie vétérinaire clinique. Parmi les ouvrages significatifs, on note Pathologische Anatomie des Auges der Tier (Jakob 1927), et Lehrbuch der Pathologischen Anatomie der Haustiere (Kitt 1901, deuxième édition). De 1960 à nos jours, la majorité des ophtalmologues vétérinaires ont continué de contribuer activement à cette discipline. Des progrès significatifs ont été accomplis durant cette période, tels que 1) la création de sociétés ou associations d’ophtalmologie vétérinaire ; 2) la création de certificats de spécialité en ophtalmologie vétérinaire ; 3) l’instauration de programmes d’ophtalmologie vétérinaire dans les études ; 4) la création de postes d’interne des cliniques pour l’obtention d’un diplôme en ophtalmologie ; 5) l’émergence rapide des cabinets privés spécialisés en ophtalmologie ; et 6) la promotion de la recherche en ophtalmologie vétérinaire dans le monde entier. L’ophtalmologie vétérinaire entame le XXIe siècle avec un demi-siècle d’expérience et de progrès significatifs derrière elle. Forte de ses bases solides, l’ophtalmologie vétérinaire peut se réjouir d’un avenir brillant, riche d’opportunités mais aussi de difficultés potentielles. L’expansion de nos programmes académiques semble s’être arrêtée, tandis que la création de cabinets vétérinaires privés spécialisés en ophtalmologie a explosé. Le développement actuel de l’imagerie non invasive des structures externes et internes de l’oeil, depuis l’échographie (y compris Doppler) jusqu’à l’imagerie au laser, a largement contribué aux progrès réalisés dans le diagnostic clinique et la prise en charge des pathologies oculaires chez l’animal. L’ophtalmologie humaine et vétérinaire peut encore s’attendre à de nouvelles avancées dans la thérapeutique médicale et chirurgicale, notamment avec l’arrivée de nouveaux médicaments. Ainsi, les prostaglandines topiques (PGF) ont apporté des bénéfices significatifs dans le traitement du glaucome chez le chien. Il faut poursuivre la recherche sur les maladies oculaires spécifiques de certaines races, particulièrement chez le chien qui occupe la deuxième position après l’homme pour le nombre de maladies héréditaires oculaires.