12 octobre 2023
Luis Roman Arciniega Gil et al., « « L’opposition à la méthanisation, c’est du NIMBY ! [idée reçue] » », HAL-SHS : sciences politiques, ID : 10670/1.nlzaeg
Alors que le nombre d’unités de méthanisation s’est rapidement accru en France, les exemples de mouvements d’opposition à un projet de méthanisation animés par des associations locales ne manquent pas. La réglementation relative à l’installation de projets de méthanisation et les décisions de justice mettent en évidence la diversité des nuisances potentielles faisant l’objet de dispositions particulières. Par ailleurs, les projets soumis à autorisation nécessitent une première phase d’examen par l’administration, suivie d’une phase d’enquête publique et de consultation, avant la décision finale d’autorisation ou de rejet. Un projet de méthanisation est donc acceptable pour les pouvoirs publics s’il respecte cette réglementation prenant en compte les nuisances potentielles. Ce souci n’évite pas les conflits et les recours. En effet, si la gestion des nuisances locales (olfactives, sonores, paysagères) liées à la méthanisation apparaissent comme centrales pour son acceptabilité, les enquêtes de terrain mettent en évidence leur association à des problématiques bien plus vastes, invalidant ainsi l’idée selon laquelle l’opposition ne serait qu’une réaction de type NIMBY, pour not in my back yard, soit littéralement « pas dans mon arrière-cour ». L’acceptabilité des projets de méthanisation est ainsi liée à des enjeux de justice distributive, qui renvoie à la distribution des coûts et bénéfices liés à l’installation d’une unité de méthanisation. On le comprend, pour que ces installations fassent l’objet d’une telle appropriation, il faut que leurs avantages (bénéfices énergétique, économique, environnemental, etc.) soient partagés par les différentes parties prenantes (agriculteurs, riverains, municipalités, et éventuellement syndicats d’énergie, énergéticiens, etc.). L’appropriation locale de la méthanisation ne passe alors pas seulement par une gouvernance partagée des installations, mais par des finalités – ou intérêts – partagés à leur mise en œuvre.