La vie humaine au prisme de la question contemporaine de la santé mentale

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2017

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Françoise Champion et al., « La vie humaine au prisme de la question contemporaine de la santé mentale », Revue française d'éthique appliquée, ID : 10670/1.nmdv9n


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L’extension du champ de la santé mentale –  via la prévention d’un nombre croissant de troubles psychiques mais aussi la promotion du bien-être global – témoigne de la progression d’une double conception de la vie humaine comme trésor et comme capital. D’un côté, comme nous le montrons à l’appui des politiques publiques de lutte contre le suicide, se renforce l’impératif social de préservation de la vie biologique, notamment celle des personnes vulnérables. D’un autre côté, les arguments humanistes-démocratiques – qui font de l’accès à la « vie bonne » un « droit de l’homme » – intègrent l’idée que l’équilibre physique et mental dépend de l’utilité sociale entendue comme l’accomplissement d’un « travail productif ». Le cas de l’Angleterre est ici exemplaire, où le programme Improving Access To Psychological Therapies doit permettre de prendre massivement en charge les troubles psychiques courants grâce aux thérapies comportementales et cognitives, afin de réduire la perte de productivité liée aux arrêts de travail ou à l’inemploi. Cette approche capacitaire se décline ailleurs, et différemment, dans les mouvements en faveur du recovery, de l’ empowerment, de la résilience des personnes souffrant de troubles psychiques. En traduisant l’atteinte psychique dans le registre de l’« épreuve », en défendant à la fois la singularité des existences fragilisées et la possibilité pour les personnes de cultiver leurs potentialités pour être plus autonomes et plus participatives, leurs discours déplacent tout en la reformulant la tension entre la vie comme trésor et la vie comme capital. Ils expriment en particulier une résistance au modèle de l’individualité performante, porteur de stigmatisation des personnes vulnérables, mais laissent ouverte la question de l’inégalité des aptitudes à retourner positivement l’épreuve que constitue l’atteinte psychique.

The development of mental health policies – including prevention of an increasing number of mental disorders but also the promotion of well-being – point out a progression of a double conception of human life as a treasure and as a capital. On the one hand, as it’s showed by public policies against suicide, the social imperative of preserving biological life, including that of vulnerable people, is reinforced. On the other hand, humanistic and democratic arguments – that make access to the « good life » a « human right » – intregrate the idea that good mental health depends on social utility, as the acomplishment of a productive work. The case of England is a strong example, where the behavioral and cognitive therapies have been promoted within the Improving Access To Psychological Therapies Program, to take in charge common mental health disorders, in order to reduce their impact on labor costs. This approach based on the individual capacities is also valued, but differently, in movements for recovery, empowerment, resilience of people with mental disorders. Translating the experience of mental disorder in the register of a « trial », defending both the uniqueness of fragile existences and the opportunity for people to cultivate their potential to be more autonomous and socially participative, their conception redefine the tension between life as a treasure and life as a capital. This view of life thus expresses a form of resistance to the social and economic demand of performing individuality, but leaves open the question of inequality of skills to deal positively with mental disorders.

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