20 décembre 2017
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Manuel Borrego, « La notion de « peuple » dans le Quichotte », HAL-SHS : littérature, ID : 10.4000/etudesromanes.5919
Même si la notion de « peuple » n’apparaît pas très fréquemment dans Don Quichotte, son étude permet d’en tirer au moins deux leçons. En premier, que le discours politique nourrissant un certain nombre de chapitres du roman contient une intéressante réflexion sur les rapports entre les gouvernants et le peuple. En effet, le peuple ne serait pas compris dans ce texte de la manière dont le faisaient bon nombre d’écrivains politiques de l´époque ; c’est-à-dire, comme s’il ne s’agissait que d’une masse irrationnelle qu’un pouvoir très éloigné devait traiter à l’aune de son inculture et de son manque de lucidité. Les conversations entre don Quichotte et Sancho montrent plutôt la nécessité qu’a le gouvernant de tout mettre en œuvre pour être apprécié du peuple – tout particulièrement d’un point de vue moral – au risque, autrement, de perdre son pouvoir. Le deuxième enseignement serait que Cervantès n’a eu de cesse de s’intéresser, en tant qu’humaniste et homme de lettres, à la partie la moins cultivée de ses lecteurs. Il considérait que les écrivains avaient le devoir de contribuer à la culture et à la moralité du plus grand nombre, alors que ceux qu’il critique – ou qui sont critiqués par certains de ses personnages – prenaient l’option, plus facile et profitable, de s’adapter à leur public et lui servir ce qu’il appelle des « marchandises à vendre ».