25 octobre 2018
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Pascal Mougin, « Modèles littéraires de l’art contemporain : Marcelline Delbecq lectrice de Claude Simon ? », Tangence, ID : 10670/1.np2y22
L’influence de Claude Simon sur les artistes contemporains est moins perceptible que celle, entre autres, de Beckett, Duras ou Robbe-Grillet. L’absence de relations directes, malgré les occasions de rencontre, entre Simon lui-même et les artistes des dernières avant-gardes du xxe siècle, explique sans doute en partie le phénomène. Reste que des échos simoniens se font entendre dans le travail de l’artiste française Marcelline Delbecq (en particulier Blackout, 2011). Les similitudes stylistiques (métalepse, flottement énonciatif et ambivalence sémiotique) et thématiques (autour de la production des simulacres) signent l’air de famille derrière l’inversion des enjeux et des effets : chez le romancier, une écriture du monde tel qu’il est, tournée vers l’énigme de la présence et de la représentation ; chez Delbecq, un dispositif de projection fictionnelle, pariant sur l’absence et la ténuité suggestive. Si le sous-texte simonien n’est pas revendiqué par l’artiste, il n’en est pas moins significatif d’une filiation culturelle dont les relais sont à rechercher, d’une manière large et diffuse, dans la réception du Nouveau roman par le minimalisme américain des années 1960, et, d’une manière plus étroite et spécifique, dans une double lecture de Merleau-Ponty, ascendant commun expliquant aussi bien la proximité que les différences entre Delbecq et Simon.