2020
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Refuge : Canada's Journal on Refugees ; vol. 36 no. 1 (2020)
Copyright (c), 2020Refuge: Canada’s Journal on Refugees
Julia Morris, « Extractive Landscapes: The Case of the Jordan Refugee Compact », Refuge: Canada's Journal on Refugees / Refuge: Revue canadienne sur les réfugiés, ID : 10.25071/1920-7336.40623
Dans un climat de sécurisation de l’immigration, on a assisté ces dernières années à un recul des réponses de réinstallation humanitaires axées sur les sites de déplacement. Souvent, les gouvernements riches du Nord global financent plutôt des tiers pays plus pauvres ainsi que des régions et territoires ruraux pour soutenir des projets de renforcement des frontières. Le Pacte pour la Jordanie, en particulier, a été salué comme un modèle de développement économique qui fournit des « alternatives innovantesm» aux camps de réfugiés ainsi qu’aux situations de refuge prolongées. Cependant, comme le démontre beaucoup de recherches, les gains économiques immédiats de ce régime de concessions commerciales ont été limités. Ceci soulève la question suivante: quelle est la valeur accordée au Pacte pour la Jordanie malgré les preuves de son échec? Comment cet échec est-il vécu en pratique par les réfugiés ? S’appuyant sur du travail de terrain effectué à Amman et au nord de la Jordanie, cet article met de l’avant un cadre théorique centré sur l’extractivisme pour mieux saisir comment la valeur est extraite des migrants et des personnes déplacées aux dépens de leur bien-être. L’article met en lumière l’écart entre le manque de bénéfices directement obtenus des concessions commercialesdu Pacte pour la Jordanie et les formes de valeur extraites de l’immobilité des réfugiés. Globalement, je soutiens que ces politiques de développement économique formalisent les conditions de la précarité, permettant à la communauté internationale d’abdiquer sa responsabilité globale et de tirer profit d’un prétendu altruisme.