2015
Cairn
Bernard Baertschi, « Human enhancement : les principaux enjeux éthiques : Une tendance irréversible ? », Revue d'éthique et de théologie morale, ID : 10670/1.nq26ma
L’être humain est insatisfait de sa situation et, depuis toujours, tente d’y remédier en s’améliorant. Pendant longtemps, il a dû se contenter de dispositifs d’une efficacité relative, en tout cas lorsqu’il s’agissait de rendre meilleures ses capacités cognitives ou morales. Depuis peu, l’être humain dispose de moyens plus prometteurs, dont des substances médicamenteuses agissant sur le cerveau. Y a-t-il un problème moral à s’améliorer ainsi ? Certains estiment que c’est le cas, car de tels moyens ne sont pas naturels et priveraient son bénéficiaire de tout mérite. À mon avis, ces objections ne sont pas convaincantes ; toutefois d’autres soucis, plus réels, subsistent, qui concernent les risques encourus pour la santé, l’érosion du caractère (s’habituer à résoudre ses problèmes par des médicaments), la justice distributive (qui pourra en bénéficier ?) et la pression sociale (si mes concurrents s’améliorent pharmacologiquement, je devrai le faire aussi). Ce dernier souci m’apparaît comme particulièrement sérieux, si bien que, en définitive, il se pourrait qu’une telle amélioration rendre notre vie pire : contrairement aux apparences, ce ne serait pas une véritable amélioration.