Islam, pureté et modernité : Les « innovations blâmables » en débat au Maghreb, 1920-1950

Fiche du document

Date

2019

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn


Sujets proches Fr

Mahométisme

Citer ce document

Augustin Jomier, « Islam, pureté et modernité : Les « innovations blâmables » en débat au Maghreb, 1920-1950 », Annales. Histoire, Sciences Sociales, ID : 10670/1.ns7up7


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En

Des années 1930 aux années 1950, le Mzab, région du Nord du Sahara algérien alors sous domination française, fut secoué par des polémiques autour de la consommation de produits européens : étaient-ils ou non licites ? Ces questions ont jusqu’à présent été envisagées comme une forme de résistance culturelle à la colonisation, ou comme le signe de la difficile adaptation de l’« islam » à la « modernité ». Des lettrés qui se voulaient « réformistes » auraient été les fers de lance de cette adaptation, par opposition à des « conservateurs » caricaturés comme arc-boutés à une tradition stérile. À partir du cas du Mzab et de sources liées à la normativité islamique, cet article, qui explore d’une façon inédite le rapport entre islam, modernité et colonisation, démontre que d’autres logiques étaient à l’œuvre : pour les acteurs, l’enjeu portait avant tout sur la pureté de leur communauté et les moyens de la préserver, dans un moment d’incertitude culturelle et politique. À l’aide des outils de la normativité islamique, partisans et adversaires de ces innovations façonnaient des images différentes de leur communauté et lui assignaient des limites distinctes. Faisant dialoguer sources coloniales et islamiques, historiographie des sociétés coloniales et islamologie, la démonstration remet en cause une lecture de l’histoire contemporaine de l’islam centrée sur les notions de modernité et de réforme, qui étaient essentiellement instrumentales dans ces débats. Elle fait aussi entendre la pluralité des rationalités à l’œuvre dans les sociétés colonisées du Maghreb, tranchant avec une historiographie d’ordinaire aveugle à leur complexité interne.

From the 1930s to the 1950s, various polemics shook the Mizab region in the north of the Algerian Sahara, then under French rule. Islamic scholars were arguing about the consumption of European goods, raising a number of questions about their lawfulness. Historians typically analyze these polemics as a form of cultural resistance to colonization, or as a sign of the allegedly difficult adaptation of “Islam” to “modernity.” They single out two types of reaction: that of self-professed “reformist” scholars, and that of “conservatives” lampooned as the buttresses of a barren tradition. Based on the case of Mizab and on a wide range of Islamic legal documents, this article opens up a new perspective on the relations between Islam, modernity, and colonialism, demonstrating that other logics were also at work. For the Islamic scholars involved, the most important issue at stake was the purity of their community and the means of preserving it in a context of cultural and political uncertainty. Using the tools of Islamic law, the advocates and detractors of these “innovations” were trying to control and delineate the community they led. By bringing together colonial and Islamic sources, Colonial Studies and Islamic Studies, this article challenges a reading of the modern history of Islam based on notions such as modernity and reform, which were largely instrumental to these debates. It also moves away from a historiography that is blind to the internal complexity of these societies, drawing attention to the different rationalities at work in colonial North Africa.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en