Les Coopératives Jeunesse de Services, vers une conscience citoyenne pour les jeunes coopérants

Résumé Fr

Acteur du mouvement multiforme de l’économie sociale et solidaire (ESS), le réseau « Coopérer pour Entreprendre » développe un outil innovant : les Coopératives Jeunesse de Services (CJS). Mêlant pédagogie et activité économique, les CJS visent à favoriser l’esprit d’initiative et d’initier à la citoyenneté économique, à partir d’une activité entrepreneuriale coopérative et temporaire, sur leur territoire de vie (Coopérer pour Entreprendre, 2016).Forts de notre expérience de terrain, dans les domaines de l’éducation populaire et de l’ESS , nous avons fait l’hypothèse que l’expérience CJS dépasse ses objectifs initiaux : elle vise la construction d’une conscience citoyenne et guide les « jeunes coopérants » vers des apprentissages plus profonds et plus ambitieux. En reliant les valeurs et les principes du mouvement coopératif avec le terreau de l’éducation populaire et les pédagogies de l’Éducation Nouvelle, les CJS favorisent par l’acquisition d’une conscience citoyenne qui replace la démocratie et les enjeux d’intérêt général au cœur de notre modèle de société. Notre approche est interdisciplinaire et mobilise les sciences de l’éducation, en nous concentrant sur les travaux de Philippe Meirieu (2012) pour caractériser l’Éducation Nouvelle, ainsi que ceux de Maurice Parodi (2007) sur la pédagogie coopérative. Nous recourons aussi à la théorie de la subjectivation (Wieviorka, 2004) pour éclairer l’évolution citoyenne des jeunes coopérants. Sur le plan méthodologique, nous partons de l’étude de cas réalisée dans deux CJS normandes (Plaindoux 2016), structurée par des observations participantes et des entretiens réalisés en début et en fin de projet.Nous proposons d’abord des éléments de contexte présentant les modalités de l’expérimentation du concept québécois de CJS en France. Nous développons ensuite les principes et enjeux de l’éducation populaire, de l’éducation nouvelle et de l’organisation coopérative. Nous apportons des éléments empiriques qui illustrent la dynamique émancipatrice et citoyenne qui jaillit des interactions entre ces deux visées théoriques et la réalité CJS. Enfin, nous analysons les réactions des jeunes coopérants à l’issue de l’expérience CJS et nous les comparons avec leurs a priori au début de l’expérience, afin d’évaluer le processus de subjectivation durant l’expérience CJS. La conclusion souligne les apports et les limites de l’expérience CJS du point de vue de la recherche d’une conscience citoyenne pour les jeunes coopérants.