De la formation à la certification : la question du commun

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1 juin 2022

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Vincent Charbonnier, « De la formation à la certification : la question du commun », HAL-SHS : philosophie, ID : 10670/1.nx82h3


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Depuis l’événement fondateur de notre modernité politique, la Révolution française, l’École est l’institution de la République selon la double signification de sa genèse – c’est par l’École que s’institue la République – et de son résultat – l’École est l’institution républicaine par excellence. Cela signifie que l’école est conçue comme le creuset primordial de la communauté, civile et politique nationale, de son institution comme de sa pérennisation, que la motion profonde de l’École en France, souvent qualifiée, du reste, comme étant « de la République », est de produire du commun.Force est de constater, cependant, que cette volonté et cette ambition de produire du commun sont entrées, ces dernières années, dans une crise de moins en moins latente. De manière sans doute paradoxale, on peut en assigner le point de départ dans le processus initié à partir des années 1960 d’« unification » des deux circuits de scolarisation et la création subséquente d’une « école moyenne », le collège, assorti de l’allongement des scolarités, de leur durée en particulier. Aux deux missions « originelles » de l’école, socialiser et « citoyenner » les individus, s’est en effet ajoutée l’exigence de les insérer professionnellement dans la société, c’est-à-dire de leur octroyer une place dans le processus économique de production.Cette exigence est allée croissante au point d’avoir peut-être subordonné les deux missions originelles évoquées plus tôt, de sorte que la formation semble avoir succédé à l’éducation, sans nécessairement la nier, en la dérobant tout de même un peu dans la dynamique de son institution culturelle et sociale. Il ne s’agit ainsi plus tant d’éduquer que de donner une forme, la dignité de la forme même, à chacun et à chacune des individus, de façonner une personnalité. Or, il semble bien, aujourd’hui, que l’enseignement et la formation scolaires, et plus encore, universitaires, tendent à être à leur tour réduits à une seule dimension, la formation d’une « force de travail » qui a « la propriété particulière d’être une force qui crée de la valeur » (Engels).Cette tendance à l’unidimensionnalité de la formation se manifeste de manière exemplaire dans l’extension au demeurant très intensive de la « certification » qui se substitue à la formation et fait de l’individu un auto-entrepreneur responsable de sa formation, de l’acquisition de ses connaissances et de ses savoirs. Cela interroge la notion même du commun et de son institution par « en-haut » au travers d’une laïcité, sinon autoritaire, du moins intransigeante, voire illibérale.

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