5 janvier 2021
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Jean-Francois Bonhoure, « Les historiens à l'épreuve du temps : la production historique éditée en France des années trente au début des années cinquante », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.ny5mrs
Le sujet interroge le rapport des historiens au temps en France, des années 1930 aux années 1950, au moyen de la production historique éditée. En alliant les questionnements historiographiques aux problématiques d’histoire culturelle, la volonté est d’adopter une définition sociale de l’histoire et des historiens. Menée à partir des fonds privés d’historiens, de fonds d’éditeurs et des ouvrages conservés au dépôt légal, cette étude vise à comprendre comment les historiens écrivent, conçoivent et débattent de l’histoire. L’objectif est de prendre du recul quant à la seule définition professionnelle de l’histoire et d’envisager l’écriture de l’histoire comme un processus culturel mettant en jeu des historiens aux légitimités différentes, en prise avec des intermédiaires culturels, notamment les éditeurs, s’adressant à un public ou plusieurs publics. Le contexte de production de la période est surdéterminé par une crise intellectuelle, débutée en 1931, portant sur la légitimité de l’histoire, et sa place dans la société, de la part de philosophes et de critiques. La question de la construction historiographique est centrale : les historiens, dans leur diversité – académiques, universitaires ou polygraphes –, écrivent des ouvrages historiques, plus ou moins perméables aux enjeux du présent, à des fins scientifiques, symboliques mais aussi politiques, dont on peut faire une typologie historiographique et épistémologique. Les représentations de l’histoire varient appréciablement du pôle de production des historiens, au pôle de médiation. Perçue comme un genre éditorial, l’histoire devient alors plus malléable et répond à des enjeux sociaux et économiques, qui visent à une diffusion la plus large possible auprès du grand public. Dans ce cadre, la principale nouveauté de la période est la collection historique, qui constitue une opportunité autant qu’une contrainte pour les historiens. L’étude interroge les réceptions de cette histoire éditée, non seulement par les instances politiques, dans un cadre censorial de 1940 à 1944, mais aussi, sur le plus long terme, par les médiateurs culturels, que sont les libraires, journalistes et critiques, spécialisés et généralistes. Enfin, l’étude des réceptions par les publics montre que l’histoire a une fonction sociale, en suggérant une représentation spécifique du passé. Le mouvement de fond qui sous-tend l’étude est, qu’il s’agisse de production, de médiation ou de réceptions, la remarquable analogie entre les événements du passé et le temps présent. Provoqué, fantasmé, réel, ou récusé, ce dialogue des temps se révèle à nos yeux avec une acuité particulière pendant ces deux décennies.