2006
Cairn
Daniel Becquemont, « Samuel Butler critique de Charles Darwin », Bulletin d’histoire et d’épistémologie des sciences de la vie, ID : 10670/1.o0ezmz
Le critique le plus percutant de L’Origine des espèces de Charles Darwin fut sans doute l’essayiste catholique St George Mivart, qui, dans son ouvrage The Genesis of Species, sut jouer fort habilement des contradictions accumulées au fil des diverses éditions de L’Origine des espèces, de 1859 à 1872 en particulier sur la nature et la cause des variations et l’importance même accordée par Darwin à la sélection naturelle. L’écrivain Samuel Butler, à la lecture de cet ouvrage, renonça à son adhésion à la théorie de Darwin pour se retourner vers des théories plus générales de l’évolution, Lamarck, Erasmus Darwin, et même Buffon. L’essentiel de son hostilité se dirigea alors contre la théorie darwinienne, qu’il estimait non orientée, livrée au hasard, dépourvue de finalité. Il avança alors une théorie de l’évolution finalisée, basée sur une sorte d’élan vital portant les espèces vers un progrès continu, une évolution finalisée où n’entrait pas le moindre hasard, évolution rendue possible par l’hérédité des caractères acquis, l’hérédité étant conçue sur le modèle de Hering comme une forme de mémoire. Il consacra quatre ouvrages (1879-86) à développer ses théories et se justifier.Il tenta de confronter ses théories avec celles de Charles Darwin, mais la publication par ce dernier d’une biographie de son grand père Erasmus Darwin – lui-même évolutionniste convaincu – provoqua entre les deux hommes un malentendu profond, et une suite de polémiques où l’agressivité de Butler envers Darwin ne fit que croître jusqu’au décès de ce dernier.