Les zones humides. Une protection contre-nature ?

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29 septembre 2020

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Corinne Beck et al., « Les zones humides. Une protection contre-nature ? », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.o0imhr


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Les zones humides occupent une place originale dans la protection de la nature en France métropolitaine et ultramarine. Souvent à l’origine de programmes de conservation aux échelles internationales et nationales depuis les années 1970, fortement représentées en nombre et en superficie parmi les espaces bénéficiant d’un statut de protection, elles participent d’une attention privilégiée quitte parfois à symboliser à elles seules les relations conflictuelles entre milieux naturels et société humaines. Il s’agit dès lors, dans le temps court de l’histoire des cinquante dernières années, d’évaluer cette place singulière en soulignant la diversité des dispositifs de protection, la géographie des aires humides protégées et les étapes de sa mise en place ; il s’agit également d’analyser les discours motivant cet incontestable effort de préservation. En effet, outre l’incontestable enjeu de maintenir, voire de restaurer, une biodiversité considérable, les zones humides incarnent un idéal perdu de « nature naturelle », aujourd’hui souillée, mais que le génie écologique pourrait reconstituer. Effacé, le « péché humain » laisserait place à des « milieux vierges », à des « états de référence » dont la recherche sous-tend les plans de gestion. En dehors même de l’illusion de cette quête, les travaux des archéologues et des géohistoriens ayant montré que bon nombre de sites ont été dès le Néolithique fortement influencés par les êtres humains, cet unanimisme protecteur renvoie, tant dans son intensité que dans son ampleur, à d’autres discours qui, du XIXe siècle aux années 1970, avaient au contraire érigé les lieux d’eaux en zones malsaines et improductives à combattre et à éradiquer. A tel point que l’on ne peut penser le regain contemporain d’intérêt pour les zones humides que comme une réponse balancée au discrédit d’hier et que se pose en filigrane la question de la considération des zones humides au sein des naturalistes des XIXe et XXe siècles. Pour quelles raisons ont-elles motivé un si faible engouement pour leur protection ? Comment, avant Odum, les pionniers de la protection de la nature et les grands naturalistes de ces deux siècles considéraient les marais ? Pourquoi la biodiversité tant louée de nos jours n’a-t-elle pas suscité de plus vives mesures de protection ?Par-delà les arguments purement scientifiques (biodiversité, services écosystémiques…), les zones humides sont révélatrices des systèmes de représentation de la nature et de l’imaginaire de ses protecteurs, elles relèvent également d’apories intervenant dans les transferts de mémoire et dans les mécanismes liés à la transmission scientifique. L’eau et ses milieux, par sa puissance symbolique, mais aussi par les fluctuations culturelles de cette même puissance, guiderait-elle plus sûrement que l’écologie elle-même la main du gestionnaire et du protecteur de la nature ? C’est cette tension, chère à François Terrasson, qui sera examinée à travers des études de cas concernant les mares, les tourbières et les grandes zones d’étangs.

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