Le nouement des corps dans les gestes du soin critique

Résumé Fr

Le corps, dans le soin critique, a une situation très particulière, très inhabituelle. Il n’est pas seulement vulnérable mais il incapable de vivre par lui-même. Le corps du patient a perdu tout pouvoir. Il est allongé, il peut être immobilisé, il est scruté et manipulé, il est sondé, drainé, le fonctionnement des organes est suppléé. Autrement dit le corps du patient en soins critiques est envahi par le soin parce que sans le soin, il ne survivrait pas. C’est un corps prêt à mourir que le soin retient à l’extrémité de sa vie. La vulnérabilité que le soin critique conduit à penser n’est pas une vulnérabilité théorique ou une simple exposition du patient au soignant, mais dans la dimension concrète du soin, il y a quelque chose qui dépasse le pensable. Il y a dans l’état critique du patient quelque chose qui dépasse notre manière de produire un monde et de nous produire nous-même comme sujet. La question que cette situation pose ce n’est pas vraiment celle de la vie, mais c’est plutôt celle de l’existence. Celle-ci paraît impossibles lorsque que, ce que Merleau-Ponty appelle ma « machine à vivre », n’est plus fonctionnelle.Dans cette conférence, nous nous demanderons s'il peut y avoir, pour le patient, une autre manière d’exister en réanimation ou en soins intensifs. Est-ce qu’on ne pourrait pas penser l’existence d’une nouvelle manière, avec de nouveaux critères justement grâce à cette situation très particulière du patient de service de soins critiques ?