2010
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Études littéraires ; vol. 41 no. 3 (2010)
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Maxime Decout, « Albert Cohen et les séductions de la parole narrative », Études littéraires, ID : 10670/1.o41jtf
Albert Cohen apparaît comme un écrivain sensible à tout ce qui bruit dans le réel. Romancier de l’oreille autant que de la bouche, il cherche au creux de discours comme une mélodie première où le dire serait à même de commander l’ordre du monde. Chez lui, le personnage est toujours une sorte de narrateur. C’est pourquoi la voix narrative s’auréole d’un attrait hors du commun. Proche du personnage sans pour autant disparaître, cette voix, toujours immatérielle et pourtant présente, parle le texte, et tisse des liens privilégiés avec les personnages et le lecteur vers qui elle semble s’avancer, autant pour murmurer à l’oreille que pour embrasser, grâce à la multiplication de métalepses. Certains personnages sont de la sorte élus et distingués par l’empathie affichée par le narrateur, afin de souligner l’essentialité des valeurs dont ils sont porteurs.