2017
Cairn
Frédérique Broisin-Doutaz, « « Féminicide » : violence ultime, le devenir des enfants… un protocole indispensable », Criminalistique, ID : 10670/1.o4l3wk
Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, le féminicide se définit comme le meurtre de filles ou de femmes au simple motif qu’elles sont des femmes.En France on estime qu’une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son partenaire ou ex partenaire, on parle alors de « féminicide ».Les enfants témoins du meurtre (féminicide ou homicide conjugal), en France, à ce jour, ne bénéficiaient d’aucune prise en charge pédopsychiatrique, les professionnels de justice, de santé, de la protection de l’enfance étant démunis et non préparés.A l’initiative de l’observatoire des violences envers les femmes de Seine Saint Denis, une réflexion pluridisciplinaire a abouti à un protocole de prise en charge médicale systématique, expérimental et pilote en France, depuis mars 2014.Le protocole consiste à hospitaliser sous X, tout enfant victime, témoin (présent au domicile) de féminicide ou d’homicide conjugal en Seine-Saint Denis par une OPP de 3 jours (prolongeable jusqu’à 8 jours) prise par le parquet pour le confier à l’ASE et à l’hôpital Robert Ballanger dans le service de pédiatrie, avec droits de visite réservés L’enfant sera pris en charge conjointement par les pédopsychiatres et les pédiatres L’ASE et le parquet sont en charge des modalités d’accompagnement et de sortie de l’enfant.Etre témoin d’un féminicide, dans un contexte de violences intrafamiliales doit être considéré comme le traumatisme le plus grave pour un enfant qui l’expose à un risque de complications psychopathologiques et développementales majeures d’autant que sans prise en charge adaptée le soutien familial et professionnel dysfonctionne fréquemment.Il est indispensable que ce protocole soit appliqué de façon nationale, il est actuellement étendu en Seine Saint Denis quand la victime est dans un état grave.