2016
Catherine Muller, « Les relations interpersonnelles, un facteur prédominant dans les biographies langagières », HAL-SHS : sciences de l'éducation, ID : 10670/1.o559o2
Lorsque l’on évoque la notion d’intime, c’est d’abord ce qui est de l’ordre de la subjectivité qui vient à l’esprit. Cependant, le rapport à soi ne peut être envisagé sans prendre en considération le rapport aux autres. Nous voudrions ici montrer ce double mouvement, vers le soi et vers l’autre, qui caractérise l’intime. Ce sont plus particulièrement les relations interpersonnelles qui nous intéresseront. Un tel objet pourrait conduire à énoncer des évidences, comme de dire que les interactions avec les autres constituent un facteur prédominant dans l’apprentissage des langues, que l’on apprend les langues pour communiquer, ou encore que les relations affectives créent le désir d’apprendre. Certes, les rencontres jouent un rôle décisif dans la volonté de découvrir une nouvelle langue ou d’en approfondir une autre. Mais ici nous nous attacherons avant tout à la mise en discours des relations interpersonnelles dans un corpus constitué de biographies langagières. Il s’agit d’un écrit réflexif rédigé dans le cadre d’un cours destiné à de futurs enseignants de langue. Les étudiants y retracent leur itinéraire d’apprentissage et s’interrogent sur les motivations qui les ont conduits à privilégier ou à négliger certaines langues. Ces textes constituent ainsi un moyen d’avoir accès à une part intime de leur rapport aux langues. Nous présenterons d’abord les notions de subjectivité et d’intersubjectivité inhérentes à l’intime dans les écrits sur l’expérience. La démarche méthodologique retenue sera ensuite exposée, avant la présentation des résultats en deux temps. Dans les biographies langagières, les étudiants considèrent l’autre comme un même potentiel auquel ils s’identifient. Mais ils peuvent également chercher à s’en écarter en affirmant leur singularité.