Entre participation décisionnelle et innovation ouverte : le jeu ParticiPlay

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20 juin 2022

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Nils Ferrand et al., « Entre participation décisionnelle et innovation ouverte : le jeu ParticiPlay », Archive Ouverte d'INRAE, ID : 10670/1.o6ez3d


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Résumé Fr

L’abord des enjeux contemporains d’adaptation, de transition, de résilience, de décentralisation dans les territoires, ainsi qu’une demande démocratique croissante, requièrent une participation renforcée de tous les acteurs dans les processus décisionnels (Larsen, Gunnarsson-Östling, 2009), depuis l’organisation des procédures et de la gouvernance, en passant par les diagnostics, la planification et la mise en œuvre. Une telle évolution constitue déjà une innovation territoriale majeure, nécessitant des engagements et coordinations renouvelés de la part des acteurs. Concomitamment, des processus d’innovation ouverte (Guechtouli et al., 2020) portés par des entrepreneurs, des filières ou des collectifs induisent et nécessitent des conditions nouvelles de coordination, voire de participation, entre acteurs « internes » et « externes » au secteur porteur. Il y a donc potentiellement une convergence sur ces enjeux de participation, avec des motivations et des fonctionnements différents : produire et valoriser des innovations vs. gouverner et gérer « durablement » ce territoire. Les élus et gestionnaires, les innovateurs et les « concernés », doivent affronter conjointement ces dimensions, mais ils ne sont pas forcément formés et capables de le faire. Dans le cadre d’une action commune à plusieurs Territoires d’Innovation (Inrae.fr, 2019), portée par l’INRAE, nous concevons le jeu ParticiPlay qui vise à initier, explorer et structurer l’ensemble des processus participatifs, pour en cadrer les finalités et l’organisation. Il s’agit d’aider les utilisateurs à clarifier les termes, les enjeux, les possibles, les contraintes, puis tester ensemble comment organiser la participation, et finalement choisir une stratégie de participation. Cette démarche cherche à « mettre en jeu » des méthodes déjà validées par le groupe CoOPLAGE de l’UMR G-EAU (Hassenforder, Ferrand, 2021) : l’outil PrePAR qui permet de réaliser une « conception participative de la participation », l’outil SEMI-ENCORE qui aide à suivre et évaluer les divers impacts sociaux, et éventuellement l’outil Just-A-Grid qui met en débat des principes de justice distributive. Il s’agit ainsi de les rendre plus ludiques et accessibles, et d’en favoriser une diffusion autonome. Un état de l’art mixte abordant les jeux « sur » la participation et « pour » l’innovation ouverte a montré qu’il existait peu de mise en lien entre ces deux dimensions au sein d’un même dispositif. Certes, la matérialisation sous forme de jeu de simulation constitue un élément commun de ces deux dimensions. Cette modalité apparaît la plus opérationnelle pour aborder ces thèmes, qui s’inscrivent dans des complexes (Bakhanova et al., 2020). Cependant, la plupart des jeux sensibilisant à la participation l’abordent au prisme des étapes de la décision publique tel que déclinée, par exemple, par Charles Jones (1970), laissant de côté les questions d’innovation. L’emploi des jeux sérieux dans les processus de participation se fait essentiellement à deux moments : au début du processus décisionnel, notamment pour récolter des données et à la fin pour présenter les résultats (Bakhanova et al., 2020). Ainsi, les jeux « sur » la participation ont trois principaux objectifs : sensibiliser, informer et mobiliser. Dans ce cadre, les citoyens se trouvent être les principaux destinataires de ces dispositifs. Ces initiatives relèvent, de ce fait, davantage d’une volonté de faire accepter une décision déjà prise que d’une réelle co-constructruction de la décision. La création du jeu abordant les processus participatifs dans son ensemble apparaît pertinente dans ce contexte. A cet égard, le recours au concept d’innovation est l’une des réponses possibles. En effet, les jeux « pour » l’innovation ouverte se saisissent de l’opportunité qu’offre la situation de jeu, dénuée de risques, pour laisser court à la créativité des participants. Comme le met en avant L. Martin, l’aire transitionnelle générée par les jeux sérieux sont source de créativité, d’inventivité (Martin, 2018). Cependant, ces jeux « pour » l’innovation ouverte sont essentiellement employés dans le domaine du management et de la gestion, à destination des entreprises et leurs employés. L’étude de l’utilisation de ces outils dans ce champ d’application permet de dégager deux logiques : des jeux à introduction organisationnelle et intégratif et des jeux plutôt compétitifs. L’enjeux, dans un contexte participatif étant de transformer le distributif en intégratif, il est possible de s’inspirer des jeux sérieux développés dans le domaine. L’adaptation de ces dispositifs pour aborder la participation peut constituer une solution permettant de poser un nouveau regard sur ce qui est classiquement réalisé dans les jeux « sur » la participation. L’innovation ouverte peut être envisagée comme une réponse à un certain nombre d’enjeux de la participation en assurant une légitimité dans la mise en place d’une politique publique. L’adoption de cette posture amène également des bénéfices relationnels, réflexifs, psychologiques et sociaux (Guechtouli et al., 2020). De la même manière l’innovation, étant un processus fondamentalement social (Zaza, 2016)., elle se trouve renforcée par la participation, puisqu’elle permet de créer des conditions favorables à son succès. Tous ces éléments sont propices au développement de stratégies robustes et efficaces. L’ambition serait ainsi de créer un dispositif faisant le lien entre les deux dimensions abordées ici : un jeu « sur » la participation « pour » l’innovation ouverte. Dans le jeu ParticiPlay, il s’agira d’une part d’informer sur les dispositifs participatifs, y compris par les leviers de l’innovation ouverte et d’autre part, de favoriser l’expression de la créativité par les modalités de jeu. Sur cette base, nous avons engagé une pré-conception incluant : ∙ Une réanalyse des besoins des utilisateurs∙ La caractérisation des buts d’un tel jeu ∙ La proposition d’une ontologie sur ce qu’il faut « mettre en jeu » créativité, pouvoir, ressources limitantes, rôles des acteurs ∙ Des conditions de succès ou d’achèvement dans l’usage du jeu∙ La trame d’une séquence de jeu ∙ Un premier prototype ∙ Un protocole de validation L’article final présentera les premiers développements dans ce cadre et les tests initiaux qui auront eu lieu.

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