2021
Cairn
Sharae Deckard, « “This oil thing touches everything”: World-Literary Crime Fiction and Fossil Capital », Études anglaises, ID : 10670/1.o9ktkz
Graeme Macdonald a montré que, si toute la littérature-monde peut se lire comme « une littérature du système-monde capitaliste », elle peut également se lire comme une « pétro-littérature », tant « le pétrole et ses constituants sont omniprésents dans la matière même de la vie moderne et dans la façon dont celle-ci s’organise ». Partant de ce constat, cet article entreprend de lire la littérature policière non seulement sous l’angle de la littérature-monde, mais aussi dans la perspective d’une « pétro-littérature ». Par ses images, ses formes et ses représentations du capitalisme fossile, cette littérature permet de comparer plusieurs contextes nationaux différents et d’examiner leur imbrication dans le circuit global de la pétro-modernité. L’article porte en particulier sur Shadow of the Shadow de Paco Ignacio Taibo II, Black Water Rising d’Attica Locke, Murder at Cape Three Points de Kwei Quartey et Nairobi Heat de Mũkoma wa Ngũgĩ, autant de romans dont les intrigues criminelles se situent sur fond d’extraction pétrolière ou mettent en scène des fortunes issues de l’industrie pétrolière. L’approche comparatiste met ainsi en lumière plusieurs moments clés dans l’histoire du capitalisme fossile. Elle révèle également que les représentations des inégalités géographiques de la pétro-modernité à l’ère du néo-libéralisme reposent sur une tension entre le centre et la périphérie, entre la ville capitaliste comme site de production et les zones frontières semi-périphériques où a lieu le processus d’extraction lui-même.