L’intersectionnalité comme outil réflexif et pratique politique. Trajectoires de politisation des Foulards violets

Résumé Fr En

Cet article prend pour objet les trajectoires de politisation des femmes mobilisées au sein d’un collectif, Les Foulards violets. Ce collectif, créé en 2019 à Genève, se donne pour objectif de lutter contre le racisme et le sexisme que subissent les femmes musulmanes, en particulier celles qui portent un foulard. L’intersectionnalité est saisie (1) comme une modalité d’expression d’expériences d’oppressions multiples qui structurent les mondes sociaux des femmes vivant à Genève et (2) comme un outil et une pratique politiques de ce collectif. L’article s’appuie sur des fonds d’archives militantes et sur dix entretiens approfondis avec huit militantes des Foulards violets et deux militantes de la Grève des femmes*/grève féministe, dont les carrières s’inscrivent initialement dans les mondes associatifs. Il s’agit d’analyser les espaces d’entre-soi comme outil privilégié de réflexivité de genre et de race, mais aussi pour la mise en commun des expériences et la lutte contre les oppressions multiples.

This article examines the trajectories leading to the politicization of women within a collective, Les Foulards violets. Created in 2019 in Geneva, this collective aims to fight the racism and sexism experienced by Muslim women, particularly those who wear a headscarf. Intersectionality is understood (1) as experiences of multiple oppressions that structure the social worlds of women who live in Geneva and (2) as a tool and a political practice for this collective. This article is based on activist archives and an analysis of ten in-depth interviews with eight activists of the Foulards violets and two activists of the Grève des femmes*/grève féministe, whose activist careers began in associations. It analyzes the spaces of entre-soi as a privileged tool of gender and race reflexivity, but also as a means for sharing experiences and for struggling against multiple oppressions.