18 décembre 2017
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Guillaume Soullier, « La modernisation des chaînes de valeur domestiques dans les pays en développement : quels effets pour les petits producteurs ? : La chaîne de valeur du riz au Sénégal », HAL-SHS : économie et finance, ID : 10670/1.oal268
Le débat à propos de la contribution des chaînes de valeur domestiques à la sécurité alimentaire nationale dans les pays en développement a été ravivé par les dernières crises alimentaires. En Asie, les entreprises du segment intermédiaire réalisent un changement technique et intègrent de nouvelles fonctions, ce qui provoque une augmentation de la valeur ajoutée et un prix de vente au consommateur plus bas. L’objectif général de cette thèse est de contribuer à la connaissance de l’organisation des chaînes de valeur alimentaires domestiques en Afrique et leurs implications économiques et sociales pour les petits producteurs. Elle traite trois questions. Premièrement, la thèse analyse l’organisation de la chaîne de valeur du riz au Sénégal dans le but d’estimer si elle connaît une modernisation similaire à celle observée en Asie. Deuxièmement, la thèse examine l’inclusion des petits producteurs dans l’agriculture contractuelle, avec un intérêt particulier pour la combinaison de modes de commercialisation. Troisièmement, la thèse évalue l’impact des contrats sur les revenus et la sécurité alimentaire des petits producteurs. Le cadre théorique est celui de la gouvernance des Chaînes Globales de Valeur, qui analyse l’influence du pilote de la qualité sur la répartition des tâches et compétences entre les acteurs de la chaîne. Il est combiné avec les cadres théoriques des formes plurielles et des moyens d’existence pour traiter la seconde question. Le cas étudié est celui de la chaîne du riz dans la vallée du fleuve Sénégal. Les analyses de données sont basées sur 154 entretiens qualitatifs et des données quantitatives concernant 913 acteurs de la chaîne de valeur. La participation des producteurs dans les contrats est analysée par un modèle logit multinomial, et le biais de sélection est corrigé avec les modèles de la variable instrumentale et de l’appariement au score de propension. Le premier résultat est que la modernisation de la chaîne de valeur du riz du Sénégal est similaire à celle ayant lieu en Asie. Néanmoins, au Sénégal, (1) la situation de référence est une transaction spot (et non une transaction dans laquelle les intrants et le produit sont liés), et les transformateurs réalisaient la collecte du paddy avant la modernisation, (2) les politiques de crédit contribuent directement au changement de gouvernance et (3) la chaîne de valeur moderne n’est pas compétitive par rapport aux importations de riz brisé. Le second résultat est que les petits producteurs participent aux contrats afin de sécuriser le financement agricole. La segmentation du marché du crédit est liée à l’endettement des petits producteurs auprès de la banque nationale. L’incertitude est un déterminant de second ordre des formes plurielles. De plus, les producteurs commercialisent aussi le paddy par des transactions spots qui peuvent être adaptées aux besoins du ménage. Le troisième résultat est que les impacts des contrats sur les petits producteurs sont différents. Le contrat de commercialisation est un dispositif financier qui n’a pas d’impact sur les pratiques agricoles, les rendements, la qualité du produit et le revenu. Néanmoins, il améliore légèrement la sécurité alimentaire par l’atténuation de la saisonnalité des prix. Le contrat de production a un impact positif sur le revenu des producteurs exclus du crédit bancaire. Néanmoins, il inclut des coûts implicites d’intérêt et d’assurance qui impliquent que ces producteurs obtiennent un profit moins important que celui des producteurs financés par la banque. Dans le but de soutenir la modernisation, les politiques publiques devraient favoriser l’élaboration d’un système d’assurance approprié au crédit agricole. Elles devraient aussi inclure les petits transformateurs dans la modernisation par la promotion de techniques semi-industrielles et l’ouverture de crédit au fonctionnement et à l’équipement.