2020
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Aurore Turbiau, « “Le privé est politique” comme paradoxe littéraire : révolution et intimité chez les Québécoises Louky Bersianik et France Théoret », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.oazwk2
Cet article propose d’étudier la manière dont le slogan féministe des années 1970, « le privé est politique », a été analysé et versé en littérature par deux des autrices du mouvement féministe québécois, Louky Bersianik et France Théoret. S’attachant à rendre compte de la portée politique de leurs œuvres, l’article interroge la manière dont l’intime se construit ou est évacué du récit en raison-même de sa place problématique dans le questionnement féministe. Louky Bersianik a commencé à mener ce travail indépendamment du reste des féministes, avant que le slogan le privé est politique devienne explicitement un des lieux de travail des écrivaines ; elle fait pourtant partie des écrivaines qui ont le plus illustré l’idée que les détails de la vie quotidienne des femmes ont un sens collectif et qu’il faut le porter politiquement sur la scène publique. L’article étudie cet aspect de son écriture à travers l’analyse de L’Euguélionne (1976) et du Pique-nique sur l’Acropole (1979) : elle met l’accent sur ce qu’il y a de politique dans le privé en développant une littérature franchement satirique et didactique mettant en scène les affres de la vie quotidienne des femmes. France Théoret a situé son travail d’écriture à l’opposé d’un même questionnement. Au contraire de Louky Bersianik, elle est arrivée à l’écriture en côtoyant directement les collectifs d’écrivaines féministes ; elle a assisté aux débats des Têtes de pioche sur « le privé est politique » et le rôle que la littérature peut avoir en politique, et a décidé de s’en couper pour produire une écriture qui lui soit intime et propre avant tout. L’article analyse ses livres de la fin des années 1970 pour montrer comment France Théoret, elle, souligne ce qu’il y a de privé dans le politique en faisant voir que le politique lui-même n’a aucun sens s’il n’est pas situé et ne part pas de l’analyse du privé et du particulier, permise ici par le travail littéraire de la voix de l’écrivaine.