2010
Cairn
Isabelle Châtelet, « À point nommé : De quelques vertus de kairos pour l'analyse », Essaim, ID : 10670/1.obvlx4
Il n?est pas si rare que tel écrivain ou essayiste contemporain recoure au mot du grec ancien kairos, d?ailleurs encore présent dans certaines expressions du grec moderne, pour désigner une instance temporelle particulière sans équivalent en français. La richesse de la notion qui s?est peu à peu élaborée sous ce terme aux ve et ive siècles avant notre ère, grâce aux hommes de l'art, médecins, navigateurs, sculpteurs, poètes et sophistes, entre autres, la rend d?autant plus intraduisible. Cette impossibilité offre l'occasion (à la bonne heure !) de revenir sur nos propres expressions et de souligner les conceptions du temps qu?elles véhiculent plus ou moins explicitement. De l'exceptionnelle polysémie de kairos et de ses quelques dérivés, on retiendra surtout ce qui en fait la pertinence (l'à-propos) pour caractériser certains aspects du dispositif analytique : l'imprévu dans la séance, la mémoire involontaire, l'intervention de l'analyste (à point nommé).