2021
Cairn
Maëlle Bernard, « De l’innocence juridique à la suspicion judiciaire : Le consentement à l’acte sexuel des fillettes dans les procès pour viol du Châtelet de la seconde moitié du 18e siècle », Dix-huitième siècle, ID : 10670/1.ocs10p
Au 18e siècle, la théorique juridique et la réalité judiciaire s’affrontent lorsqu’il est question du consentement juvénile. Considérée dans les dictionnaires juridiques comme une victime parfaite – parce qu’innocente par nature –, la fillette dont la famille vient porter plainte doit prouver son innocence au tribunal, face à des juges et des médecins qui remettent en cause l’absence de son consentement et des accusés qui plaident la responsabilité féminine. Par l’analyse d’une vingtaine de procès pour viol issus des archives du Châtelet de Paris (1750-1785), nous avons constaté une méfiance de la part de la justice parisienne à reconnaître l’absence de consentement juvénile : le discours qui décide de la peine est celui de l’accusé et non celui de la victime.