2021
Cairn
Romane Beaufort et al., « L’apport des données de la Cnav pour identifier les profils d’assurés en non-recours à la retraite », Retraite et société, ID : 10670/1.odxfvu
Alors que 16 millions d’assurés disposent d’une retraite, comment comprendre que certains ne la réclament pas ? On observe par exemple qu’un tiers des affiliés de 70 ans n’ont pas fait valoir tous leurs droits à retraite (Langevin & Martin, 2019). Cette part peut surprendre puisque la retraite n’est pas stigmatisante contrairement à d’autres prestations sociales. Elle n’est pas non plus récupérable sur succession. Cette question est particulièrement importante pour les caisses de retraite elles-mêmes. Pour y répondre, la Cnav cherche à automatiser le calcul des droits pour repérer parmi ses assurés ceux susceptibles de ne pas bénéficier de l’entièreté de leurs prestations et lutter contre le non-recours. Cependant, le non-recours est un phénomène complexe qui concerne des profils très variables. Grâce aux riches données administratives de la Cnav et au modèle de microsimulation Prisme, l’article identifie, dans l’ensemble des régimes composant le système actuel de retraite français, les diverses formes de non-recours. Il cherche également à caractériser les différents profils des individus renonçant à tout ou partie de leurs droits. Ainsi, si les assurés nés à l’étranger et disposant d’un faible nombre de trimestres représentent un grand nombre de ceux qui ne font valoir aucun droit, les assurés nés en France aux carrières complètes sont nombreux parmi ceux qui ne demandent qu’une partie de leurs droits. L’article met également en évidence que le non-recours à la retraite est une situation durable, peu d’assurés réclamant leurs droits après 70 ans. Enfin, les autrices analysent les leviers dont disposent les caisses de retraite pour diminuer le non-recours et proposent une évaluation des prestations supplémentaires que les organismes devraient verser si tous les assurés faisaient valoir l’entièreté de leurs droits ; dans les régimes de base, elles représentent 2 % des prestations versées au-delà de 70 ans.