Risques, contre-expertise et démocratie industrielle : Jean Jaurès et les délégués mineurs à la sécurité

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Cet article revient sur le rôle joué par Jean Jaurès dans l’élaboration et l’adoption de la loi du 8 juillet 1890 relative aux délégués à la sécurité des ouvriers mineurs, ou délégués mineurs. Dans un premier temps, l’article revient sur les conditions de travail dans les mines françaises au xixe siècle. Il montre ensuite comment émerge par en bas une revendication de contre-expertise ouvrière portant sur les accidents, visant à contester l’autorité des ingénieurs, et rappelle les oppositions politiques et techniques auxquelles les mineurs font face. Enfin, l’article inscrit le positionnement de Jaurès dans les débats parlementaires qui débutent en 1883, et en montre l’originalité en insistant sur le rôle central que joue la prise de position de Jaurès dans ses futures réflexions autour de la notion de « démocratie industrielle ».

This article looks back at the role played by Jean Jaures during the development and adoption of the law of July 8th 1890, regarding the institution of miner’s safety delegates. First, the article recalls the working conditions in French mining in the 19th century. Then, it shows how miners claimed for a counter-expertise from below, intending to challenge engineer’s expertise about accidents, and the political and technical objections they faced. Lastly, this article puts Jaures’s arguments in perspective with the parliamentary debates initiated in 1883, and shows their originality by insisting on the key role of Jaures’s commitment towards safety delegates in his future considerations about “industrial democracy”.