"L'œuvre au rouge" de René Char. « Avoines rouges de l'événement », « braises qui ne finissaient pas cendre » de l'âtre paternel, « flocons saignants » de Van Gogh, « rougeur sublime » du « visage levé » »

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2005

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Mireille Raynal-Zougari, « "L'œuvre au rouge" de René Char. « Avoines rouges de l'événement », « braises qui ne finissaient pas cendre » de l'âtre paternel, « flocons saignants » de Van Gogh, « rougeur sublime » du « visage levé » » », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.oi0a8s


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La couleur rouge découvre un lieu critique du processus de la création, de la représentation et de la symbolisation. En premier lieu, il peut être le signal d'une valeur symbolique imposée avec force. On peut ainsi suivre la construction et le refoulement d'une mémoire à partir du rouge symbolique et grâce à certaines constantes, le feu, le sang, qui polarisent l'événement historique - précisément le temps de guerre - et l'événement personnel - précisément la mort du père, lors d'une scène originaire. Par ailleurs, dans le corpus de textes consacrés à la peinture, le rouge correspond à une indétermination de l'image - forme, ligne, couleur même -, précipite la dynamique qui unit toutes les instances de la représentation et raccourcit le lien entre le temps et l'espace du peintre et ceux du spectateur. Le rouge est médium, point de contact le plus rapide entre ces instances, catalyseur le plus efficace d'affects, de sensations, d'idées. Le rouge favorise une « commune présence » avec l'autre et le monde, et facilite une « réception vécue écourtée » de la réalité et du texte par le lecteur. Enfin, le rouge rompt la trame de la lisibilité, redonne au signe son autonomie. Contre l'unification figurative, le rouge impose la signification locale, dessine un lieu d'énergie dans le texte. Marqueur d'intensité, il rend le spectacle aberrant, le défait et du même coup concentre l'attention sur le fonctionnement du texte. Le rouge affiche du texte, est l'indice du texte, des opérations propres à la parole poétique. Il est un lieu parce qu'il introduit les croisements, remet en cause les catégories du réel - comme le concret et l'abstrait, l'animé et l'inanimé -, les éléments de la représentation - visible et sonore -, de la langue - catégories grammaticales, lui-même pouvant être adjectif ou substantif. Le rouge est le signal d'une visibilité du texte, il est la figure du texte. Finalement, le rouge fait glisser de la représentation du monde à la présence du texte.

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