Les recueils de miracles de saint Eugène de Trébizonde : l'hagiographe au travail

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2023

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Anna Lampadaridi, « Les recueils de miracles de saint Eugène de Trébizonde : l'hagiographe au travail », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.ok1p19


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De par sa complexité et par sa richesse, le dossier hagiographique sur Eugénios de Trébizonde se prête à la réflexion autour des mécanismes de composition des recueils de miracles dans le monde byzantin, et plus précisément à l’époque paléologue. Grâce aux travaux de J. O. Rosenqvist , les principales pièces du dossier sont désormais accessibles, dans une édition critique solide et une traduction anglaise fiable. Ces documents, qui ne sont transmis dans leur ensemble que par le ms. Athos, Monastère de Dionysiou, 154, sont les suivants : a) l’Encomium du saint par Constantin Loukitès (BHG 609), b) les Miracles par Jean Xiphilin (BHG 610), c) le Logos (BHG 611) et d) la Synopsis (BHG 612-613) par Jean Lazaropoulos. Ces pièces constituent une mine d’informations et sont souvent mises à profit par les historiens dans maints domaines : l’histoire de l’empire de Trébizonde, le culte de saint Eugénios, marqué par une discontinuité flagrante, la culture matérielle, par exemple les fameuses lampes du saint qui reviennent sans cesse, la médecine paléologue, avec une orientation sensiblement érudite. A l’origine de ce recueil, tel qu’on le lit dans le ms. de Dionysiou, se trouve Jean Lazaropoulos, métropolite de Trébizonde (1364-1367), à qui revient non seulement la rédaction des deux textes les plus riches du dossier (le Logos et la Synopsis) mais aussi la conception à proprement parler du dossier, le travail d’édition et de compilation des documents. Cette entreprise est empreinte d’une forte couleur politique, qui frôle la propagande : c’est un recueil réuni à la gloire de l’empire de Trébizonde, et plus précisément, à la gloire du monastère de Saint-Eugénios. Le couronnement d’Alexios III en 1349 dans ce même monastère est révélateur du rôle politique que l’endroit serait appelé à assumer ; ce contexte constitue la toile de fond de cette compilation, dans laquelle Fallmerayer voyait déjà le « codex national » de l’empire de Trébizonde. Par ailleurs, les recherches récentes sur les manuscrits et les bibliothèques de la région peuvent éclairer les circonstances de sa genèse : les liens avec le monastère de Dionysiou que son sort illustre bien, les textes qui circulaient à Trébizonde au XIVe s. dans les bibliothèques des personnages comme Constantin Loukitès et Andréas Libadènos, intimement liés à la confection de ce recueil.Le présent travail se propose de reprendre le dossier en examinant le processus éditorial, que sa composition impliqua. Si le travail de Rosenqvist est précieux pour les realia et les aspects historiques, il nous semble qu’une étude littéraire de la structure des récits de miracles reste à faire et que l’apparat des sources et des lieux parallèles pourrait être souvent étoffé. Nous examinerons surtout les deux textes composés par Lazaropoulos, afin de pénétrer dans son « atelier » de travail et de voir plus clair dans la façon dont celui-ci et ses collaborateurs traitaient du matériau qu’ils avaient à leur disposition et dont le noyau remonte au IXe s. Comme Rosenqvist le met en évidence, les difficultés textuelles laissent entendre que les sources étaient souvent en piètre état, ce qui ne facilitait pas la tâche. On a parfois l’impression de se trouver face à un copier-coller maladroit qui nuit à la cohérence du récit : si les histoires racontées restent proches dans le temps, les personnages qui y défilent apparaissent parfois ex abrupto et l’unité temporelle est souvent fragile. Dans le dédale des sources mises à profit, Rosenqvist a bien distingué quelques-unes, parmi lesquelles un « sous-recueil » de miracles autour d’un certain abbé Éphraim du monastère de Saint-Eugénios (Synopsis : mir. 2-21). Cet ensemble, qui sert de « récit enchâssé » dans l’œuvre de Lazaropoulos est révélateur de la complexité de la circulation des récits de miracles et des aléas de leur remploi littéraire. En même temps, il ne faut pas perdre de vue la fonction de l’ensemble du dossier, où la promotion du monastère d’Eugénios l’emporte sur toute autre intention. A la lumière des nouvelles recherches sur les bibliothèques de Trébizonde au XIVe, nous tâcherons de voir plus clair dans la composition des deux recueils de miracles de Lazaropoulos, en décortiquant le récit et en explorant les hypotextes sous-jacents.

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