30 novembre 2019
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Benoît Dauvergne, « Images et imaginaire des Ordres du Roi », Theses.fr, ID : 10670/1.olijol
Si les membres des « Ordres du roi », expression désignant, sous l’Ancien Régime, l’Ordre de Saint Michel créé en 1469 par Louis XI, et l’Ordre du Saint-Esprit créé en 1578 par Henri III, sont connus et précisément recensés, l’histoire de l’art, en l’occurrence l’examen des toiles, gravures ou sculptures produits entre les XVe et XVIIIe siècles, et en particulier des portraits peints et gravés de chevaliers, permet de progresser dans la compréhension de la fonction et du fonctionnement de ces deux institutions. L’invention et le recours aux ordres de chevalerie par des puissances étatiques centralisatrices ne peuvent être dissociés du processus qui vit en Europe, du Moyen Âge à nos jours, l’affirmation et l’ascension progressive de l’individu, sinon de l’individualisme, face à la collectivité, aux corporations, aux « castes » d’un « vieux monde » solidement organisé. Loin de servir cette vaste émancipation, comme on le conçoit a priori, les ordres de chevalerie agissent à son encontre en permettant certes aux chevaliers décorés d’assouvir leur désir de distinction, mais uniquement de façon superficielle – en leur offrant la possibilité de ressembler au roi –, sans conséquence sur l’ordonnancement des affaires de l’État. À partir de l’étude du don du cordon bleu aux fils de France, des insignes accaparés et des signes que l’on prend pour des insignes alors qu’ils n’en sont pas et de l’altération, par accident, par intention ou par incompréhension des motifs visuels des Ordres du roi, il s’agit de démontrer comment ces derniers constituent des outils de neutralisation d’ordre esthétique, par le pouvoir, des ambitions aristocratiques.