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Moïse Tsayem Demaze, « Quête de justice climatique et reconfiguration de la lutte contre les changements climatiques en marge des conférences des parties (COP) », HAL-SHS : géographie, ID : 10670/1.ommbfj
Depuis près de trente années, les conférences des parties (COP) se sont instituées comme cadre politique dominant de conception de la lutte contre les changements climatiques. C'est le lieu où les Etats, en fonction des rapports de pouvoir, dessinent les politiques climatiques internationales, qu'il s'agisse de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, ou de l'adaptation aux conséquences des changements climatiques. Contestant le monopole et le caractère surplombant des COP considérées comme étant inefficaces, des organisations non gouvernementales et des mouvements citoyens ont émergé depuis les années 2000, constituant des arènes subsidiaires de mobilisation et d'actions pour le climat. Parallèlement ou en marge des COP, ces arènes subsidiaires portent et véhiculent une vision de la lutte contre les changements climatiques fondée essentiellement sur la justice climatique. Sa quête souligne la nécessité de prendre en compte les besoins et les demandes des populations locales et des peuples marginalisés ou exposés de manière disproportionnée aux conséquences des changements climatiques. Si les acteurs de ces arènes subsidiaires insistent sur les dimensions locales du « problème climat », ils ne déconnectent pas pour autant la quête de justice climatique de la dimension globale ou planétaire du problème. Cet article esquisse une géographie de la lutte contre les changements climatiques à partir d'un récapitulatif des COP et des mobilisations des organisations non gouvernementales et des organisations de la société civile. Il montre comment la coexistence et l'hybridation des deux types d'arène ont abouti à l'inscription de la justice climatique dans l'agenda international, reconfigurant alors la lutte contre les changements climatiques telle qu'elle a été conçue et mise en oeuvre en application du Protocole de Kyoto puis de l'Accord de Paris. La cartographie des acteurs révèle la diversité des coalitions et l'hétérogénéité des groupes d'intérêts et des réseaux qui cohabitent, s'interpénètrent et s'hybrident dans l'orchestration de la lutte contre les changements climatiques, avec la justice climatique maintenant prise en compte par les COP (Accord de Paris) alors que sa quête a été initiée par des organisations de la société civile. Mots-clés : conférence des parties (COP), organisations de la société civile, lutte contre les changements climatiques, justice climatique, mobilisations pour le climat.