2016
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Carole Ferret, « Les ambiguïtés du patrimoine nomade des Kazakhs », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.onfa0k
Se présentant comme les héritiers des nomades des steppes, les Kazakhs ont, depuis l’indépendance du Kazakhstan en 1991, mis en avant leur patrimoine nomade comme fondement de leur identité. Néanmoins tout en revendiquant ce legs, ils restent influencés par des représentations négatives des nomades et, parvenant mal à associer le pastoralisme à la modernité, ils se proclament en même temps fondateurs de cités, inventeurs de l’écriture et créateurs d’État, dans un primordialisme et une quête d’ancestralité qu’ils partagent avec d’autres Républiques centrasiatiques. Aux XIXe et XXe siècles, les débats sur la sédentarisation montraient toute l’ambivalence des positions russes et kazakhes sur le sujet. Après l’indépendance, la patrimonialisation du nomadisme se focalise sur quelques emblèmes accessoires, comme la iourte ou le cheval, en négligeant l’essentiel, la mobilité de l’habitat, et rejette définitivement le nomadisme dans le passé en ignorant les pratiques nomades actuelles. L’ethnographie, conçue comme une discipline historique toujours marquée par un paradigme évolutionniste, décrit le pastoralisme kazakh comme relevant d’un ailleurs temporel (antérieur à la révolution de 1917) ou spatial (hors des frontières du Kazakhstan) et ne s’intéresse guère aux réalités actuelles du pastoralisme mobile, pourtant pratiqué par une petite partie de la population.