Les valeurs coopératives face à la crise abyssale de nos sociétés

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L’humanité est entrée dans l’ère de l’Anthropocène (Lorius, 2010). Les défis qu’elle affronte sont colossaux et son avenir à long terme incertain. Face à l’ampleur de la crise en cours, les valeurs coopératives sont-elles un atout pour relever ces défis ? Valeurs opératoires plus que déclaratives, elles doivent d’abord être identifiées pour être mises en actes, en tant qu’instances fondatrices de l’action finalisée – le travail – et influencées par celle-ci en retour, soumises à de nombreux paradoxes, qu’il nous faut apprendre à déjouer. Il en va de même de la coopération, processus complexe plus que drapeau identitaire. Une dialogique (Morin, 1977) s’instaure qui invite à la complexité, à la reliance plus qu’à la simplification réductrice.Au sein des organisations, l’entreprise tout particulièrement est devenue un lieu de vie majeur, source d’un double attachement, où tentent de se conjuguer, sans garantie de succès définitifs, le « pour soi », le « pour nous » et le « pour eux », conditions imbriquées d’un entrepreneuriat vivant et vivable. Et d’un développement soutenable, c’est-à-dire ouvrant sur une autre coopération trop négligée, la coopération avec la Nature (Routhley, 1992). C’est d’abord le changement du regard sur les « choses » qui est ici en jeu.

Humanity has entered the Anthropocene era (Lorius, 2010). The challenges it faces today are enormous and its long-term future is uncertain. Given the scale of the current crisis, can cooperative values be an advantage in surmounting the challenges of the situation? Cooperative values are operative rather than declarative. They must be identified before being mobilized into action as the founding principles of the finalized action of work, which, in turn, exercises an influence on cooperative values, giving rise to numerous paradoxes for which solutions must be sought. The case is much the same for cooperation, a complex process that is at times adopted as a badge of identity. The resulting dialogue (Morin, 1977) results in complex situations in which reliance proves more effective than reductionist simplification.Organizations, and in particular companies, have become an important locus of daily life and a source of dual attachment, in which concepts such as “for me”, for us”, and “for them” (the inextricable components of dynamic and sustainable entrepreneurship) attempt to co-exist, but without any guarantee that they will do so successfully. The same components interact within any approach to development that aims at sustainability, that is: which is open to our too-often neglected cooperation with the natural environment (Routhley, 1992). But this, first of all, requires a major change of perspective.

ResumenLa humanidad entró en la era de Anthropocène (Lorius, 2010). Los desafíos que se enfrenta son colosales y su futuro durable incierto. ¿Frente a la amplitud de la crisis corriente, los valores cooperativos son una carta para enfrentarse estos desafíos? Valores en acción más que declarativas. Deben ser identificadas para ser puestas en actos, como instancias fundadoras de la acción finalizada – el trabajo – e impactadas por ésta a cambio, sometidas a numerosas paradojas, de las que debemos enterarnos a desbaratar. Lo mismo ocurre de la cooperación, proceso complejo más que bandera identitaria. Una dialógica (Morin, 1977) se instaura que invita a la complejidad, a la búsqueda de la relación más que a la simplificación reductora. En las organizaciones, la empresa muy particularmente se hizo un lugar superior de vida, una fuente de un doble afecto, donde intentan conjugarse, sin garantía de éxitos definitivos, “por sí mismo como individuo”, “para nosotros” y “para ellos”, condiciones imbricadas de un emprendimiento vivo y sostenible, así como de un desarrollo sustentable, es decir corredizo sobre otra cooperación demasiado descuidada, la cooperación con la Naturaleza (Routhley, 1992). Es antes de todo el cambio de la mirada sobre las “cosas” que está aquí en juego.