2018
Françoise Dartois-Lapeyre, « « Les relations entre la musique et la danse dans les ballets-pantomimes de Noverre, 1776-1781 » », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.oqcsk5
Le but de cet article est d'étudier l'impact du ballet-pantomime sur l'évolution des rapports entre musique et danse à l'Opéra de Paris (1776-1782) et de réfléchir sur les rôles respectifs du musicien et du maître de ballet dans le processus de création. En tenant compte de la théorie de l'imitation, et en adoptant une perspective historique, il s’agit d’expliquer pourquoi les liens entre musique et scénario deviennent particulièrement étroits dans les ballets-pantomimes – très différents des divertissements lyriques – et comment l’engouement pour la danse a favorisé l’évolution rapide des formes musicales et chorégraphiques.La première partie vise à éclairer les relations originales nouées par les maîtres de ballet, les compositeurs, les musiciens et les danseurs des ballets d'action, en essayant de comprendre qui en est le concepteur et de décrire comment s'organisent les interactions artistiques. La tradition du pot-pourri musical et l’importance accordée par Noverre au choix des compositeurs de musique retiennent notre attention, afin de préciser les caractéristiques de ses collaborations avec des musiciens, que ce soit à Lyon ou dans les cours et théâtres européens (Stuttgart, Vienne). Dans quelle mesure les relations personnelles entre danseurs et musiciens ont-elles influencé certaines carrières ? Les annotations des partitions s’avèrent une source précieuse car révélatrice de son désir de lier le drame et la danse, de jouer avec les silences et d'expérimenter de nouvelles mises en oeuvre des chœurs.La réception des ballets-pantomimes, perçue à partir de l'analyse des critiques, permet d'observer quelques nouveautés (initiées par Gluck et Starzer, par ex.) mais aussi certaines limites imposées aux imitations musicales et gestuelles par la formation insuffisante des danseurs parisiens à la pantomime, et aussi par l'attitude conservatrice d'une partie du public, considéré comme composé de "gens de goût". Les causes de leurs réticences, voire rejets, se situent dans trois domaines : celui des conventions théâtrales, de la conception hiérarchique de la troupe de l'Opéra de Paris et des rapports de l'art de la danse à la pantomime, dont le développement semble lié à de nouvelles formes (« symphonies concertantes » de Gossec) et à de nouvelles collaborations (entre Gardel et Gossec). Le résultat de ces évolutions fut de changer la place du ballet parmi les arts.