2022
Cairn
Florian Audureau, « Le chant des voyelles dans les Papyri Graecae Magicae de l’Empire romain. De la pratique rituelle à l’invention moderne d’une tradition », Revue de l'histoire des religions, ID : 10670/1.oqlj8q
Au début du xxe siècle s’est imposée l’image d’Épinal du magicien-astrologue. Selon une logique pythagoricienne, celui-ci emploierait la musique pour évoquer les pouvoirs astraux des planètes, et les voyelles que l’on retrouve dans les papyrus de magie gréco-égyptienne serviraient à écrire les notes de la gamme classique. Or, cette « tradition » est avant tout historiographique et ne rend pas compte des pratiques et des dynamiques d’accommodation culturelle. L’analyse détaillée du corpus révèle en effet que l’interprétation astrologique ne relève pas d’une tradition, mais d’une invention ponctuelle et ciblée. C’est au contraire une logique propre aux magi qui sous-tend l’utilisation des voyelles : elles incarnent la puissance du souffle (πνεῦμα) et sa capacité à produire des sons.