Repenser les subalternités : des Subaltern Studies aux animalités

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12 décembre 2018

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Résumé Fr

L'objet de cet article est de repenser les subalternités en les extirpant du cadre historiographique et sociologique auxquelles elles sont souvent assignées ; par-là même, de concevoir l'hégémonie dans une perspective qui inclut tous les modes de domination basés sur une hiérarchisation arbitraire mais naturalisée : la race, la classe, le genre, la caste, la religion, mais aussi l'âge, la condition physique, la taille, le lieu d'habitation, la localisation géographique, l'éducation, la langue, et enfin l'espèce. Nous nous interrogerons ainsi sur les « diverses modalités d'être au monde » (Chakrabarty 2000) en nous intéressant aux langages et aux univers sémiotiques non-humains, dans un but à la fois militant et de défi épistémologique : face au plus « autrui des autrui » (Levi-Stauss, 1973) qu'est l'animal, qu'il soit domestique, d'élevage ou sauvage, quelle est la limite de l'hégémonie de l'espèce humaine, perçue comme opprimante par de nombreux mouvements antispécistes ? Un tel détournement de la question subalterne, spécifique à l'oppression de classe et l'oppression coloniale, est-il légitime dans le cas de la question de l'espèce, comme elle fut légitimée, bien que de manière marginale, dans le cas de la question du genre ? Comment, enfin, mener une réflexion où la question du langage est cruciale dans un contexte où les langages sont inintelligibles, où le subalterne peut certes parler mais ne peut pas être compris ? En d'autres mots, jusqu'où peut-on concevoir la subalternité et penser la différence ? Abstract The purpose of this article is to rethink subalternities by removing them from the historiographical and sociological framework to which they are often assigned ; thereby, to consider hegemony in a perspective that includes all modes of domination based on a naturalized hierarchy : race, class, gender, caste, religion, but also age, physical condition, size, place of residence, geographical location, education, language, and even species. We will thus examine the "multiple ways of being in the world" (Chakrabarty, 2000) by focusing on non-human semiotic languages and universes, with a both militant and epistemological purpose : regarding animal, that Levi-Stauss (1973) defined as the "most other between the others", where are the limits of human's hegemony, perceived as oppressive by many antispecies movements ? Can such an appropriation of the subaltern question, theorized by the Subaltern Studies, be legitimate in the case of the species' issue, as it has been legitimized, albeit marginally, regarding the gender's issue ? How, finally, is it possible to elaborate such a reflection where the question of language is crucial, in a context where languages are unintelligible, where the subaltern can certainly speak but cannot be understood ? In other words, how far can one conceive subalternity and think difference ?

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