2017
Cairn
Rodolphe Greggio et al., « Les prévisions énergétiques et leurs aléas », Futuribles, ID : 10670/1.otj8hb
Comme le souligne Jean-Marie Chevalier dans ce même numéro, il est bien délicat de se prononcer aujourd’hui sur ce que sera l’évolution des prix de l’énergie et d’envisager la façon dont se transformeront les systèmes de production énergétique. C’est bien ce que confirment ici Rodolphe Greggio et Benoît Mafféï, qui se sont intéressés à la façon dont sont élaborées les prévisions énergétiques à long terme et dont la conclusion est qu’en l’état, elles sont vouées à l’échec.Ceci résulte en particulier de la difficulté à faire des prévisions fiables en termes d’évolution de la demande d’énergie, celle-ci résultant d’évolutions exogènes et opaques à long terme (croissance démographique, croissance économique, productivité, efficience énergétique…). Cela tient également à un certain nombre d’erreurs d’anticipation de ruptures technologiques : un « âge d’or » du gaz naturel anticipé trop tôt, la valse du pic pétrolier, un pic minéralier n’ayant pas eu les incidences envisagées initialement, un déclin du nucléaire à relativiser, etc. Cela résulte enfin de divers facteurs d’ordre politique et géopolitique en lien avec les atouts respectifs des pays en matière énergétique et leur stratégie d’indépendance en ce domaine : États-Unis et gaz de schiste, France et nucléaire, Allemagne et renouvelables, par exemple. Bien évidemment, le contexte actuel laisse à penser que l’heure est à une transition progressive des énergies carbonées vers les énergies renouvelables, mais de là à prévoir précisément à quel horizon, dans quelles proportions et selon quelle ampleur géographique, il y a un pas qui paraît encore difficile à franchir. S.D.