La psychologie sociale devrait-elle vraiment en finir avec une analyse en termes de domination masculine ? Un commentaire sur Manuel Tostain (2016)

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Ce commentaire entend contester l’idée qu’une analyse en termes de domination masculine ne permettrait plus à la psychologie sociale de comprendre les rapports contemporains entre les sexes. En nous appuyant sur les réflexions matérialistes du féminisme, nous montrons que l’argumentaire mobilisé pour appuyer cette thèse repose sur une utilisation contestable de concepts issus des études de genre. Il en découle une compréhension faussée du fonctionnement des structures patriarcales : réduction de la domination masculine à sa dimension symbolique et psychologique, négligence des pratiques masculines d’oppression et du caractère coercitif du système de genre, restriction de l’hétérosexualité à une orientation sexuelle. De nouvelles perspectives de recherche en psychologie sociale sont alors suggérées, en continuité avec les travaux féministes actuels dans le champ des études de genre.

This comment aims to challenge the idea that an analysis in terms of male domination would no longer allow social psychology to understand contemporary gender relations. Drawing on the materialist reflections of feminism, we show that the arguments mobilized to support this thesis are based on a questionable use of concepts drawn from gender studies. The result is a distorted understanding of how patriarchal structures function, such as : the reduction of male domination to its symbolic and psychological dimensions ; the neglect of male oppressive practices and the coercive nature of the gender system ; and the restriction of heterosexuality to a sexual orientation. New research perspectives in social psychology are then suggested, in continuity with current feminist work in the field of gender studies.