1 juin 2023
Daria Sinichkina, « Les portraits post mortem des écrivains russes, d’objets mémoriels à œuvres d’art », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.otwfj4
Longtemps réservé au cercle intime, notamment parce que le deuil public d’autres personnalités que l’empereur et sa famille était jugé subversif, le portrait post mortem des écrivains russes se fait plus visible dans les années 1860 pour devenir, à partir des funérailles de Dostoïevski en 1881, l’un des éléments constitutifs du culte des écrivains en voie d’institutionnalisation. Dessin, peinture ou photographie, le dernier portrait est à la fois un symbole commémoratif et une œuvre d’art dont l’un des effets est de sublimer la mort du poète, point de départ de l’écriture de sa biographie. Avec la politisation de la mort sous le régime bolchevique, le cadavre de l’écrivain fait l’objet d’une iconographie officielle, partie intégrante des rites funéraires codifiés de la période. Cependant, dans le cadre privé, les dessinateurs et photographes livrent des cadavres d’écrivains et de poètes une vision personnelle qui se fait l’écho visuel de la réception par les contemporains de l’œuvre du défunt artiste du verbe. C’est le cas notamment pour Sergueï Essénine, photographié par Moiseï Nappelbaum quelques heures après son suicide en décembre 1925.