2020
Cairn
Gilbert Vincent, « Apocalypse et livres sapientiaux : Sagesse et apocalyptique », Recherches de Science Religieuse, ID : 10670/1.ouojlu
La fièvre apocalyptique est un phénomène récurrent qui se présente comme une crise à la fois sociale et symbolique qui subvertit l’articulation spatio-temporelle constitutive d’un monde. C’est l’amplification imaginaire, quasi panique, de maux collectifs face auxquels l’espérance paraît en défaut. L’Apocalypse biblique a longtemps alimenté cet imaginaire. Or, dans le catastrophisme contemporain, né d’une angoisse écologique anticipant le pire, l’apocalyptique s’est sécularisé : la Nature (re)devient une figure mythique ; elle se vengerait d’avoir été abusée. Face à cette sorte de pathos collectif, quelle sagesse, quelle retenue sont-elles possibles ? Il se trouve que, dans le corpus biblique, l’opposition de deux types de temporalité – sous le signe de la fin des temps et sous celui d’une certaine continuité – a donné lieu à un travail symbolique intense dont on peut dire, en assumant le risque de toute interprétation, qu’il vise à limiter chacun de ces types par l’autre, donc à conjuguer « poétiquement » désespoir et confiance raisonnée, sinon dans le monde, du moins dans un « monde possible ».