10 novembre 2022
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Christelle Balouzat-Loubet, « Les dernières années de Mahaut, comtesse d’Artois (1319-1329) : une vieillesse invisible ? », HAL-SHS : histoire, ID : 10.4000/medievales.12210
Mahaut, comtesse d’Artois, est surprise par la mort à l’âge de cinquante-neuf ans, le 27 novembre 1329. Les sources concernant son règne – actes de la pratique, comptabilités principalement – ne livrent que d’infimes indices des effets de l’âge : des physiciens mandés peut-être plus régulièrement auprès d’elle, des achats de sirops et « médecines » évoqués dans les registres de comptes de l’Hôtel. La rédaction d’un troisième et dernier testament, le 24 mars 1329, suggère aussi que la comtesse sent sa fin approcher. Sans doute Robert, qui intente à sa tante haïe à l’été 1329 un dernier procès afin de lui reprendre l’Artois, entend-il profiter d’une moindre combativité de la vieille dame.Nous devinons donc que la princesse doit composer avec les effets de l’âge, mais vieillir, ce n’est pas seulement subir les effets du temps, c’est aussi avancer en âge, traverser les épreuves et accumuler les expériences. En fait, l’infléchissement daterait plutôt d’une dizaine d’années auparavant, alors que Mahaut sort d’une période particulièrement éprouvante : la révolte nobiliaire en Artois (1315-1319) et, surtout, la perte brutale de son fils Robert, héritier du comté, en 1317. La comtesse porte alors une attention marquée aux œuvres charitables, fonde plusieurs hôpitaux et multiplie les legs aux établissements religieux. Cette charité, certes ostentatoire, n’en marque pas moins une nette évolution de la spiritualité comtale.