29 novembre 2023
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Géraldine Alberti et al., « Archéologie et géomorphologie d'un paléosol hydromorphe dans la plaine ello-rhénane : l'exemple des occupations protohistoriques et antiques d'Horbourg-Wihr (F-68) », HAL-SHS : archéologie, ID : 10.34692/13w4-zs94
Horbourg-Wihr se situe dans la plaine ello-rhénane, structurée dans sa moitié sud par un vaste cône de galets rhénans qui sépare les cours de l’Ill et du Rhin depuis la fin de la dernière période glaciaire. Elle se situe au pied des Vosges, immédiatement au nord de la confluence actuelle de l’Ill et de la Lauch et au sud d’une vaste zone marécageuse, le Ried Centre Alsace, qui aurait structuré les dynamiques de peuplement dans la plaine d’Alsace dès le Néolithique. Elle accueille plusieurs occupations protohistoriques et une importante agglomération antique. Les vestiges prennent place sur un paléosol développé sur des galets et présentant une coloration sombre et des caractères hydromorphes marqués. Ils sont fossilisés par des limons de débordement attribués à la fin de l’Antiquité. Depuis les années 1990, une centaine d’opérations d’archéologie préventive (diagnostics ou fouilles), totalisant une surface de 130 hectares, a été réalisée autour d’Horbourg-Wihr. Ces opérations ont été accompagnées de sondages géomorphologiques et de datations numériques (radiocarbone et luminescence stimulée optiquement/OSL). Elles ont été complétées par des études micromorphologiques, malacologiques, palynologiques, carpologiques et paléoparasitologiques. Synthétisés dans une base de données cartographique, les résultats montrent que l’apparente homogénéité de la succession stratigraphique est trompeuse. La plaine est régulièrement balayée par des crues durant le Néolithique et la Protohistoire. Pourtant le contenu malacologique de ces dépôts témoigne d’un bon drainage au début du IVe millénaire avant notre ère et donc de chenaux relativement incisés. Le développement d’un paléosol hydromorphe est donc postérieur au IVe millénaire, et antérieur à l’époque antique, les études micromorphologiques des niveaux de la période indiquant également un bon drainage. Enfin, si la base des limons de débordement présente des traits d’hydromorphie, ces dépôts achèvent de drainer le secteur en le surélevant. La géométrie et la chronologie de ces dépôts pourraient traduire un changement brutal du tracé de l’Ill, hypothèse confortée par les sources historiques. Ces résultats remettent en question les approches culturelles déterministes qui présupposent une stabilité des zones marécageuses dans la plaine du Rhin au cours de l’Holocène. Ils posent les bases d’une reconstitution paléogéographique qui doit maintenant être complétée par des prospections pédestres, géophysiques, des sondages à la tarière et une étude approfondie des sources historiques, ce pour mieux comprendre l’histoire de l’agglomération antique et médiévale et plus largement pour restituer les interactions entre dynamiques alluviales et occupations du sol dans la plaine du Rhin.