2016
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James Perosi-Doughty, « Le rôle de la Cour suprême dans les guerres culturelles américaines », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.ozh43i
Selon le principe de séparation des pouvoirs, chaque branche du gouvernement possède une responsabilité unique et un rôle spécifique dans le bon fonctionnement de la société. Le législatif crée les lois, l'exécutif les applique et le pouvoir judiciaire les interprète. Ce principe est bel et bien l'idéal-type, et il est nécessaire au bon fonctionnement du gouvernement. Cependant, dès que surgit un débat sur une loi, cette distinction claire entre les trois pouvoirs devient floue et problématique. Dans une telle situation aux États-Unis, c'est le pouvoir judiciaire, et lui seul, qui maîtrise le domaine et qui garde le devoir d'interpréter la loi et, en l'occurrence, la Constitution (Marbury v. Madison). Une fois qu'une décision est rendue par la Cour suprême, le débat sur une problématique donnée est censé être résolu, surtout si, selon la théorie juridique de « judicial supremacy » (la suprématie du pouvoir judiciaire), la Cour suprême est détentrice absolue de l'interprétation de la Constitution. Malgré cette soi-disant expertise unique de la Cour quant à la Constitution, l'histoire démontre qu'une fois rendue, une décision de cette dernière marque rarement la fin du débat ; au contraire, elle est souvent le déclencheur de plusieurs autres polémiques, conduisant à des « guerres culturelles ». Cet éloignement entre la perception et la réalité du rôle de la Cour suprême mérite ainsi cette étude, afin d'analyser les éventuelles causes de ce fossé. Alors que d'autres travaux sur la Cour suprême se concentrent sur des analyses juridiques de droit naturel, de jurisprudence, ou de compétence de la Cour, cet article portera plutôt sur l'influence de la Cour non seulement sur les politiques et le peuple américains, mais aussi sur l'évolution en société de ces derniers en fonction des décisions rendues par la Cour. Autrement dit, nous postulons que les réactions du public et d'autres acteurs gouvernementaux vis-à-vis des décisions rendues en termes de réponses réelles (soit en passant des lois, soit en