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Anne Dagnac, « Les interrogatives picardes et le typage des questions en dialecte ternois », HAL-SHS : linguistique, ID : 10670/1.p0ofpd
Cet article, qui s'appuie à la fois sur des atlas linguistiques et des textes, fait un premier état des lieux des structures interrogatives directes en picard et de leur variation pour la période 1900-1960. Pour les interrogatives partielles, comme la grande majorité de la zone d'oïl, il recourt à des interrogatives du type Expression QU- + que (Où qu'tu vos ?) excluant l'inversion sujet/verbe. Pour les interrogatives totales, en revanche, la situation est plus complexe. Bien que toutes les aires présentent des structures concurrentes, elles semblent se distinguer d'une part par la présence ou l'absence de certaines d'entre elles, d'autre part par le choix des structures privilégiées : les inversions clitiques (massives au Sud du domaine) ; les questions en est-ce que et les questions intonatives (concentrées au Nord-Est du domaine) ; le recours à une particule post-verbale de forme -ti/-tu, dont la distribution diffère en partie de son équivalent québécois (dans une aire centrée sur le Pas-de-Calais) et qui connaît une variante -jou, issue de l'ancienne forme du pronom de première personne ; enfin, une construction originale, où la particule jou est en tête de phrase et suivie de que : Jou k't'o kouère faim ? ('as-tu encore faim ?'), dans l'Artois. Nous proposons que jou actualise les traits interrogatifs du complémenteur que pour typer la phrase comme question, de manière ouverte dans les questions totales, et sous forme désormais nulle dans les partielles, comme en témoignent des attestations anciennes de SQu- + jou + que, et sa grammaticalisation dans la forme quanjou qui correspond uniquement au quand interrogatif.