L'eau et l'imaginaire corporel dans les jardins à la Renaissance

Fiche du document

Date

2007

Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Collection

Archives ouvertes



Sujets proches Fr

RN 7732-18-5

Citer ce document

Hervé Brunon, « L'eau et l'imaginaire corporel dans les jardins à la Renaissance », HAL-SHS : histoire, philosophie et sociologie des sciences et des techniques, ID : 10670/1.p0wasn


Métriques


Partage / Export

Résumé 0

Les développements récents de l'histoire du corps invitent à interroger l'imaginaire corporel associé à l'eau dans les jardins italiens de la Renaissance, en analysant des dispositifs (formes de l'eau), des pratiques (usages, fonctions) des discours et des images (représentations, registre symbolique). De ce point de vue, le rôle de l'eau s'inscrit dans un cadre idéologique général qui associe le jardin à la fois au plaisir et à la santé. La pratique des exercices corporels dans son espace, y compris la promenade, s'accompagne du soin à assurer ombre et fraîcheur, notamment grâce à l'abondance des eaux vives et à l'omniprésence des ‘scherzi d'acqua', jets d'eau qui, se déclenchant par surprise, inondent le visiteurs, pour leur bien-être mais aussi, sans doute, pour leur rappeler leur infériorité face au maître des lieux, qui seul reste au sec... Des bassins servant à la fois de piscine et de vivier permettent la baignade. Le cas particulier de Pratolino près de Florence illustre cette « stratégie de climatisation » au moyen des fontaines et des grottes. A un niveau plus symbolique, le désir de fraîcheur et d' ‘immersion' dans le jardin doit être compris en fonction des préoccupations médicales de l'époque : représentations de la « porosité » des enveloppes corporelles, hantise de la malaria, justifiée dans une Toscane largement couverte de marécages... Replacé dans le contexte d'une culture qui envisage essentiellement le soin du corps comme un mode de vie préventif, un régime prophylactique plutôt qu'une thérapie au sens strict, et pour qui « l'image de l'efficacité des contacts purs demeure sans doute dominante » (Georges Vigarello), le jardin apparaît bien assumer une fonction médicale aussi primordiale que le bain thermal. « Immergé » dans cet espace dont on s'était assuré la ‘salubritas' grâce au choix du site et aux travaux d'alimentation hydraulique, dont l'air et l'eau possédaient une pureté suffisante, le corps était non seulement en sécurité, mais pouvait recevoir les bienfaits d'un environnement « sélectionné ». C'est parce qu'il constituait un milieu ainsi abrité et protégé que le jardin pouvait alors offrir au corps un lieu où s'épanouir et ouvrir tous ses sens, où se laisser plonger comme le nageur nu dans l'eau fraîche et transparente.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Exporter en