2012
Cairn
Élise Yvorel et al., « Enfants de justice et scolarité : le cas de l'Internat approprié (1891-1979) », La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation, ID : 10670/1.p0x2v7
De la fin du XIXe siècle aux années 1980, l’Administration pénitentiaire puis l’Éducation surveillée ont géré un établissement pour mineurs tout à fait singulier appelé Internat approprié. D’abord implanté sur le domaine de Chanteloup (Maine-et-Loire) puis, à partir de 1953, au château de Spoir (Eure-et-Loir), cette institution est réservée aux garçons les plus jeunes, âgés de 7 à 10 ans au moment de leur admission. Ils y restent jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire, c’est-à-dire du jusqu’à 13 ans, puis 14 ans et enfin 16 ans. Unique, l’Internat approprié place, théoriquement, les apprentissages scolaires au centre du dispositif de rééducation. De la surveillance pénitentiaire à la mise en place de préformations professionnelles en passant par l’instauration de méthodes inspirées par la pédagogie nouvelle, Chanteloup puis Spoir sont un laboratoire, un champ d’expérimentation pédagogique, pour le ministère de la justice chargées des jeunes délinquants. Paradoxalement, c’est le périscolaire qui bénéficie de ces transformations car l’administration ne se donnera jamais les moyens d’une véritable rééducation scolaire. Les méthodes d’enseignement, la qualification des agents chargés des apprentissages et l’organisation même de l’ Internat approprié ne permettront jamais d’atteindre les objectifs escomptés voire contribueront à aggraver les déficits cognitifs des enfants.