2017
Cairn
David Simonetta, « Descartes. L’intuition et la mémoire », Dix-septième siècle, ID : 10670/1.pbm7x3
Cette étude entend éclairer le rapport ambigu que Descartes instaure dans ses premiers textes entre l’intuition et la mémoire. Ce rapport prend tantôt la forme d’une distinction (l’intuition ne doit rien à la mémoire) tantôt celle d’une concurrence (l’intuition peut, dans certains cas, tenir lieu de mémoire). Cette ambiguïté s’éclaire lorsque l’on restitue le contexte polémique dans lequel ont été écrits ces textes : celui de la diffusion en Europe de traités consacrés à « l’art de la mémoire », dans leur double fonction rhétorique et épistémologique. Nous tâchons de montrer comment Descartes a cherché à se distinguer nettement de cette tradition, mais également à la concurrencer dans sa prétention à construire l’unité des sciences. Ainsi, les distinctions psychologiques que l’on trouve dans les Regulae s’éclairent par leur horizon épistémologique. Au terme de cette étude nous formulons une remarque sur le sens du « dualisme » cartésien : celui-ci ne consiste pas toujours en une distinction stricte entre ce qui relève du corps et ce qui relève de l’âme ; il prend parfois la forme d’un redoublement, dans l’esprit, d’une capacité que l’on croyait, en droit, ne pouvoir assigner qu’à la seule physiologie.