2020
Cairn
Samantha Ruvoletto, « Les phénomènes de resyllabation chez les enfants en âge scolaire : perception d’erreurs et reformulation », Travaux de linguistique, ID : 10670/1.pft37e
Pendant l’acquisition, l’enfant francophone reçoit comme input une langue orale où les frontières entre les mots sont masquées à cause de trois phénomènes de resyllabation très communs : la liaison (p.ex. les ours [lezuʁs]), l’élision (p.ex. l’avion [la.vjɔ̃]) et l’enchaînement (p.ex. une araignée [y.na.ʁɛ.ɲe]). Ces phénomènes sont à l’origine de l’apparition de mauvaises segmentations dans les productions des enfants à partir de l’âge de 2 ans (p. ex. de(s)[n]éléphants [de.ne.le.fɑ̃] pour des[z]éléphants [de.ze.le.fɑ̃] ou u(n)[Ø]avion [ɛ̃.a.vjɔ̃] pour un[n]avion [ɛ.na.vjɔ̃]). Les études développementales observent une diminution de ces erreurs entre 4 et 5 ans et leur disparition à l’âge de 6 ans. Les résultats d’une tâche de perception d’erreurs et de reformulation qu’on a conduite chez 43 enfants francophones au début et à la fin du CP montre qu’ils ont encore des difficultés à identifier les frontières des mots après 6 ans. Comme ni l’input adulte ni les théories développementales ne parviennent à expliquer nos résultats, nous proposons une nouvelle explication qui prend en considération l’acquisition de la littéracie.