2020
Cairn
André Babeau, « A quoi sert l’épargne annuelle des Français ? », Revue d'économie financière, ID : 10670/1.pi5h80
La structure des comptes nationaux indique clairement que le flux annuel d’épargne des ménages a trois emplois : les remboursements d’emprunts, la contribution à l’apport personnel pour les investissements immobiliers et les placements financiers. Malheureusement, cette décomposition du flux d’épargne n’est encore nulle part documentée. La raison principale de cette surprenante ignorance est que, pour le financement de ces différentes opérations, les ménages ne recourent pas seulement au crédit et à l’épargne courante, mais aussi à une épargne préalable. Cette dernière ressource correspond à l’une de ces opérations de gestion de patrimoine dont la connaissance ne peut résulter que d’enquêtes spécifiques, aujourd’hui inexistantes. Pour un pays comme la France, en s’appuyant sur plusieurs conjectures, on observe que cette affectation du flux d’épargne pourrait être variable en fonction des caractéristiques de l’année considérée (niveau du taux d’épargne, importance du recours au crédit). Toutefois, la part des placements financiers apparaît comme élevée et stable (autour de la moitié du flux total). Celle des remboursements serait importante, mais instable (entre 25 % et 40 %). Celle des contributions aux apports personnels serait elle aussi instable, mais à un niveau beaucoup plus modeste (moins de 20 %). Pour des pays comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, la part des remboursements dans l’épargne courante pourrait être nettement plus faible, en raison de remboursements tardifs, faisant largement appel à une épargne préalable. Ce pourrait être l’une des raisons de la permanente faiblesse de leur taux d’épargne des ménages par rapport à des pays comme la France. Classification JEL : E21, G51.