2017
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Michèle Soriano, « Représenter la sexualité, repenser le sexe : Pets (2012) d’Albertina Carri », HAL-SHS : études de genres, ID : 10670/1.pi9m6f
Alors que la sexualisation des femmes est l’une des formes des relations d’oppression qui définissent leurs positions dans nos sociétés contemporaines, le féminisme pro-sexe se propose d’élaborer « une analyse politique progressiste de la sexualité » (Gayle Rubin). Ces questionnements théoriques habitent les productions contemporaines et en particulier le cinéma féministe actuel. La production d’Albertina Carri, réalisatrice argentine, questionne l’essentialisme sexuel et démonte les codes de représentation de la sexualité pour en dévoiler l’historicité. Un court-métrage post-pornographique d’Albertina Carri intitulé Pets (2012), réalisé à partir de found footage, est l’objet à partir duquel sera menée cette réflexion. Pets allie deux programmes fondamentaux du féminisme actuel : la réhistoricisation des pratiques sexuelles et le travail sur l’archive, oubliée ou enfouie, en tant que réflexion historiographique sur les discontinuités qui constituent l’histoire des opprimés (Benjamin). Après une brève présentation d’Albertina Carri qui permettra de replacer Pets dans une trajectoire esthétique et politique tout à fait remarquable, ce travail tentera de situer sa production dans un débat féministe particulièrement tendu autour de la pornographie. Les représentations pornographiques composent un espace imaginaire hétéronormatif qui ne cesse d’engendrer du genre, du féminin et du masculin, à travers une série de scripts sexuels qui fixent et régulent des identités genrées. Mon hypothèse sera que les tensions que nous observons révèlent la portée épistémologique de ce débat et nous engagent par conséquent à nous confronter aux catégories qui sont en jeu, en tant que limites de la pensée du genre.