2019
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Thomas Amossé et al., « « Si je travaille, c'est pas pour acheter du premier prix ! ». Modes de consommation des classes populaires depuis leurs ménages stabilisés », HAL-SHS : sociologie, ID : 10.3917/soco.114.0089
Le développement de la précarité dans l’ensemble des ménages populaires, et non seulement pour les plus pauvres, est susceptible d’avoir modifié leur rapport à la consommation. En centrant l’analyse sur ceux qui ont acquis (même temporairement) une forme de stabilité, et à partir d’un double matériau quantitatif et qualitatif, nous rendons compte à la fois des aspirations qu’ils partagent avec les ménages situés plus haut socialement et des comportements ou stratégies économiques qu’ils doivent déployer pour les réaliser. Leurs dépenses sont particulièrement marquées par les « nouveaux » besoins sociaux que sont la voiture et le numérique, mais comprennent également des biens d’agrément et services coûteux (vêtements de marques, équipements technologiques, restaurants, vacances à l’étranger) qui en étaient pratiquement exclus auparavant. Le niveau de vie de ces ménages restant limité, et surtout fluctuant, ces dépenses ne peuvent souvent être réalisées que grâce au salaire des femmes (une condition pour se faire plaisir), à une organisation rigoureuse dans la manière de faire les courses ou dans la constitution d’une épargne pour consommer. C’est à ce prix seulement que ces ménages ouvriers et employés peuvent consommer « comme tout le monde ».